Je déteste l'idée de ne mettre que #2 Sorel à ce livre qui en vaut objectivement bien plus tant l'approche inédite de l'auteur, forestier allemand bien renseigné, est enrichissante. L'angle, ici, n'est pas anthropocentré. L'auteur rappelle même que l'Homme a grandement tendance à compliquer la vie des arbres et propose une vision qui rend justice au monde végétal face au règne animal, qu'on a tendance à considérer supérieur de par l'existence (souvent) d'un cerveau et d'une capacité (générale) au déplacement rapide. La grande idée du livre est d'expliquer en quoi les arbres sont des êtres développés et complexes malgré leur croissance lente et leur interaction limitée avec nous. L'interaction avec leur environnement le plus immédiat (congénères, champignons et insectes en tête) est en revanche considérable et parfois assez surprenante à lire, puisque tout homo sapiens non-initié est loin de se douter, en ouvrant un tel essai de vulgarisation, de ce qui se passe autour de lui lorsqu'il se promène en forêt. Et bien sûr, la science est encore loin du compte. Elle a du pain sur la planche pour espérer un jour connaître tous les secrets de nos amis champions de la photosynthèse.
Si mon avis est somme toute assez mitigé c'est parce que j'ai toujours noté les livres lus, non pas pour la valeur intrinsèque que j'aurais cru déceler chez eux mais pour le plaisir ressenti au moment de leur lecture. Après deux premiers chapitres poétiques et bucoliques, La vie secrète des arbres fait étalage d'une grande quantité d'informations intéressantes en soi mais qui, au bout d'un moment, submerge le lecteur, le lasse et le perd. Au point de lui faire sauter des paragraphes entiers, les plus techniques, pour tenter d'intercepter à la volée une information un peu plus récréative qu'il pourrait éventuellement replacer le lendemain matin à la machine à café.
Il y en a heureusement quelques unes. J'ai particulièrement aimé le passage (voir paragraphe joint) qui propose une explication séduisante au sentiment de bien-être que je ressens sous le couvert d'une forêt de feuillus, plus flagrant en tout cas qu'au milieu de n'importe quel paysage extérieur à ciel ouvert, aussi à couper le souffle soit-il. J'ai toujours mis cela sur le compte de l'ombre protectrice et rafraichissante du sous-bois, mais peut-être y a-t-il en moi quelque chose qui subsiste de l'homme préhistorique. :-)