On sait tous aujourd'hui que Philip K. Dick, au delà de son incroyable talent de "mind-fucker", fut aussi, sans doute grâce à sa paranoïa galopante, un véritable visionnaire en ce qui concerne les stratégies de mensonges et de manipulation mis en œuvre par les gouvernants pour mieux asservir leurs populations. "La Vérité Avant-Dernière" apparaît très rarement dans la liste des meilleurs ouvrages de Dick, alors qu'il s'agit sans doute de l'un de ses livres les plus frappants sur ce thème du mensonge d'état, tel que pratiqué à grande échelle dans l'Union Soviétique par exemple, mais aussi tel que servant encore de nos jours à garantir la survie de la Corée du Nord (... et je n'ose pas mentionner ici, même si je devrais, l'apparition des "alternative facts" chers à Trump !). Évidemment, Dick ayant toujours été nul quand il s'agissait d'inventer les technologies du futur (dans ses livres, pas de téléphones portables, pas d'Internet, etc., il est clair que l'évolution technologique ne présentait aucun intérêt pour lui...), il y a un peu un effet "rétro" à voir les luttes de pouvoir démentielles qui sont au cœur de "la Vérité Avant-Dernière" se dérouler via des appareils qui font très années 60, mais cela ne détourne nullement - à mon avis - l'attention du VRAI sujet du livre : que nos dirigeants, s'ils pouvaient (quand ils pourront...) nous faire renoncer au moindre confort matériel et au moindre droit essentiel (la liberté par exemple) en nous nourrissant de mensonges mis en scène avec une sophistication et des effets spéciaux empruntés aux Arts du spectacle, eh bien ils n'hésiteraient pas une seconde à en abuser pour s'assurer leur "grosse part du gâteau". Et pire encore, que s'il y avait un jour une révolution, on peut parier que le "new boss" serait le "same as the old boss" ("Won't Get Fooled Again" des Who, encore et toujours...). "La Vérité Avant Dernière" est un livre saisissant, à l'intrigue palpitante, et une montée en puissance au cours des derniers tiers qui en fait une sorte de thriller mental démentiel ("mais qui est donc Lantano ?"), l'un des plus forts et les plus excitants de Dick.


PS : Bien sûr, Dick n'était pas un styliste, et les puristes tordront sans doute le nez sur le "manque de qualités littéraires" du livre. Vous savez quoi ? "F... them all !" [Critique écrite en 2017]

EricDebarnot
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le 8 févr. 2017

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Eric BBYoda

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