Après un début un peu abscons, on se laisse emporter par ce récit dit de "hard science" à la française qui décrit un sauvetage aux confins du système solaire. C'est le premier tome d'une trilogie intitulée la Trilogie baryonique, parue Aux Forges de Vulcain. C'est son septième roman. Il est de formation scientifique et cela se ressent. Il décrit un univers crédible parlant d'antimatière, de trou de ver, de trou noir, de physique quantique... tout en étant lisible pour un béotien. Ce qui l'intéresse, c'est la quête de l'antimatière grâce à de petits vaisseaux appelés Orcas. L'un de ces vaisseaux a une avarie et se retrouve à 60 millions d'années lumières de la Terre. Il va être secouru par un second navire du même genre, voué également à cette recherche en créant de minis trous noirs. On ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec le film Interstellar de Christopher Nolan.

On peut rapprocher l'auteur d' Arthur C. Clarke , mais surtout d'Isaac Asimov dont il se revendique, le côté libidineux en moins. Comme son maître , il part d'un cadre technologique pour créer un récit qui tient la route. Nous sommes en 2173, la Terre a connu une tragédie climatique qui a fait 4 milliards de victimes au siècle précédent, c'est-à-dire le nôtre, conséquence de la dystopie ultra-libérale dans laquelle on vit, n'en déplaise aux suppôts de la "Bête immonde". La civilisation humaine semble s'en être remise en fondant une société plus en accord avec son environnement au prix de migrations gigantesques. La crise climatique passant par là, la population vit dans les hémisphères nord et sud. La Terre est régie par un organisme trans-étatique.

L'auteur fait montre d'originalité, à l'inverse de son maître, en forgeant un théorème dit de Tao qui dit que l'intelligence artificielle est bornée et qu'elle ne dépassera jamais celle des humains. On a ainsi des I.A. devenant même bêtes.

Le roman est chapitré comme un journal de bord. Il s'inspire ainsi de nombreuse séries de science-fiction qui fleurissent actuellement. On se trouve ainsi sur Terre et sur les deux Orcas simultanément.

L'auteur est nouveau dans le domaine de l'imaginaire et pourtant je trouve qu'il maîtrise son domaine. Il s'inspire de sa vie professionnelle en tant qu'ingénieur dans la cybersécurité sans être abscons. Il ne se donne pas vocation de faire passer un message. Son récit s'en trouve également plus lisible. Il se borne à son domaine d'expertise et cela fait montre d'humilité de sa part. Il projette pourtant des valeurs qui me semblent humanistes et progressistes sur le domaines de l'égalité homme-femme par exemple. Ainsi, dans son roman, les femmes ne sont pas vouées à devenir de simples secrétaires sur la Lune comme dans le film 2001, Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick et Arthur V. Clarke. Le premier vaisseau est composé de deux femmes et sa commandante est mariée à une spécialiste des I.A. appelées dans le roman Sofias ou Experts. Elles ont une fille adolescente qui a une petit copain complotiste.

D'ailleurs, s'il y a une limite à son écriture, c'est la description psychologique de ses personnages qui peut aller jusqu'à la caricature. C'est le bémol que j'ajoute à ma critique plutôt positive. Il y a également une erreur historique: Christophe Colomb est parti à la recherche d'une route plein ouest au nom des rois catholiques et non du roi du Portugal.

Peut-être est-ce le début d'un Livre-Univers à l'image de celui de Fondation d'Isaac Asimov?

SebastienTalvas
9
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le 1 avr. 2024

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SebastienTalvas

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