Ce titre provocateur recouvre un brillant essai d'Edmund Husserl posant les bases de la phénoménologie à partir d'une distinction entre monde naturel (science naturelle) et monde phénoménologique (science philosophique).
Dans le monde naturel -ou encore dans la thèse naturelle du monde-, il est attesté que la terre se meut.
Cependant, dans le monde phénoménologique où ce qui prime c'est l'affect d'une subjectivité, seul le mouvement du corps est perçu. Dans le phénomène de la marche par exemple, où le sol est senti sous les pieds comme immobile, ce n'est que le mouvement des pas qui est ressenti. Dès lors, on peut soutenir que "la terre ne se meut pas" dans le monde des phénomènes car elle n'apparaît pas comme "en mouvement".
Husserl dit que "nous marchons dans un espace où le mouvement et le repos des corps renvoient à un centre de référence qui se confond avec ma chair. L'espace n'est-il pas alors constitué à partir des divers modes de mon incarnation et des différents champs de ma sensibilité?"
La vérité, en phénoménologie, est donc d'abord dans l'affect, dans ce qui est senti par soi et non dans la science.
Un pied de nez au positivisme et au dogmatisme, un retour à une approche du monde vécu et senti par la chair.
Un essai passionnant qui ouvre de nouvelles perspectives à notre être-dans-le-monde qui dépasse toujours ce que l'on en dit par sa faculté à être affecté par les choses et à constituer son propre espace ou monde.