Dans une société dystopique, à la fois futuriste et archaïque, le lecteur suit une jeune femme tout de rouge vêtue. Elle est une servante écarlate : une jeune femme (qu’on dit privilégiée) mise au service d’un riche couple qui ne peut plus avoir d’enfant. Au cours d’un cérémonial aussi solennel que peu excitant, Defred écarte les jambes afin de mettre son vagin (et surtout son utérus) à la disposition du maître. Defred est son nouveau nom, celui du « Commandant » chez qui elle sert (Fred). Dans l’ancien monde, elle avait un prénom comme tout le monde : prénom qui lui fut retiré au moment de la déclaration de la République de Gilead.
Un état totalitaire décrété en raison de la baisse catastrophique de la natalité (fécondité dramatiquement basse en raison de la pollution ; enfants pour la plupart mort-nés ou gravement handicapés, atteints de malformations invalidantes). Toute la société est réorganisée en castes distinguées par la couleur du vêtement : le rouge pour les servantes utérines, le bleu pour les Epouses toutes puissantes, le vert pour les petites fourmis ouvrières. Et le noir pour les Anges, la milice qui sème la terreur afin de tenir tout ce petit monde tranquille.
Car il y a des opposants, on s’en doute. Une société dans laquelle les libertés les plus élémentaires sont bafouées, l’amour est illégal, le désir illicite et l’orgasme féminin superflu ne fait pas l’unanimité. Des rebelles se battent bec et ongles pour reprendre le dessus. Une guerre est engagée. Avec la désinformation et la propagande qui vont avec : contrôle des médias, bourrage de crâne, stigmatisation de l’ennemi.
Defred, à laquelle son mari et son enfant lui ont été arrachés et dont elle n’a aucune nouvelle, s’ennuie ferme. Hormis le petit cérémonial récurrent et procréatif, les rendez-vous chez le gynéco et les assemblées de son ordre, madame n’a pas grand-chose à faire. Si : la petite promenade obligatoire qui passe invariablement par le Mûr des pendus auquel on accroche les récalcitrants dernièrement exécutés.
Et comme elle, le lecteur que je suis trouve le temps affreusement long. Le rythme est cataleptique, l’action inexistante. La narration soporifique. On finit par lire en diagonale puis par sauter des paragraphes. Un récit orwellien qui manque de souffle. Un récit métaphorique – qui, j’imagine, dénonce la « femme-objet » – pas toujours clair.
Et un bouquin qui aura eu raison de ma résistance : j’abandonne après 150 pages. D’autres livres m’attendent.
BibliOrnitho
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le 13 sept. 2013

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