De la difficulté à confimer un succès éditorial

Avec la Liste de mes envies, Grégoire Delacourt avait réussi un petit miracle: celui de restituer une histoire juste, plausible et aux variations dramatiques incontestables. Avec la première chose qu'on regarde, l'écrivain semble raconter une histoire à laquelle il ne croit pas lui-même. Son jeune personnage est aussi une enveloppe charnelle où l'auteur a mis un peu de l'adolescent qu'il était et de l'homme qu'il est devenu.C'est très maladroit car le narrateur omniscient de l'histoire truffe le récit de digressions qui n'ont rien à voir avec Arthur Dreyfuss, ce brave petit garagiste de vingt ans au destin ordinaire mais aux qualités bien certaines. L'intérêt du livre était que ce jeune homme rencontrait une jeune femme qui ressemblait à Scarlett Johansson et que cette dernière en souffrait et vivait mal son identité de jeune femme du peuple sosie de la star internationale.Ce postulat de départ qui fait envie en quatrième de couverture est pourtant mal développé car Grégoire Delacourt affuble son jeune couple de lignées familiales désastreuses (entre la mère de l'un qui a perdu une petite fille déchiquetée par un chien et qui végète dans un HP et le beau-père pédophile de l'autre qui lui fait faire des mises en scène scabreuses) et choisit de ponctuer son histoire avec des ruptures de ton hallucinantes (pourquoi telle chanson au milieu d'une description?). Ce n'est pas pour dire qu'il n'y a pas d'idées dans La première chose qu'on regarde mais qu'elles sont agencées de manière incongrue pour un livre qui aurait pu être trés acceptable. Je préfère donc m'en remettre à la vérité qu'un auteur qui a connu un succès éditorial a parfois du mal à se remettre en selle pour nous proposer une histoire originale et bien dosée. Et j'espère que Grégoire Delacourt passera le cap de cet accident littéraire pour rebondir à un meilleur niveau de forme.
Specliseur
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le 14 mars 2015

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