Suite et fin du deuxième volet des Chroniques du Tueur de Roi, converties en deux tomes dont cette partie constitue la conclusion, La Peur du sage 2 s'avère aussi différent que complémentaire de son prédécesseur. Et à fortiori du premier opus. La division (controversée) de l'œuvre par l'éditeur français Bragelonne a été intelligemment située, à mon humble avis. Pile au moment où de toutes nouvelles contrées et de nouveaux rebondissements allaient pointer le bout de leur nez...
Kvothe se retrouve doublement hors de sa zone de confort, lancé dans un voyage à plusieurs escales où le passé (plus ou moins lointain) sera au croisement (en embuscade ?) de l'avenir. Avec les deux ouvrages précédents, il était admis que Patrick Rothfuss n'aimait rien tant que bousculer son macrocosme au moment où le lecteur baissait sa garde. Il va se permettre de le faire ici à plusieurs reprises sans pour autant transformer cette malice en gimmick puéril. Les détours imprévus auront toujours une signification parfois insoupçonnée sur le récit de son héros, et se relieront habilement avec les grands thèmes développées depuis le tout premier manuscrit.
Il serait ardu de rentrer dans les détails sans révéler de gros pans de son intrigue, donc restons-en à l'essentiel. Comme le laissait imaginer le dernier quart du précédent volet, cette seconde moitié sera placée sous le signe de l'émancipation et du dépaysement. Les protagonistes les plus importants seront composés quasi-intégralement de nouveaux-venus, et certains retournements de situation laissent béat. L'air de rien, Rothfuss continue d'étendre significativement ces Quatre Coins de la civilisation, excite l'imaginaire avec de nombreuses zones jusque-là inexplorées, et prend de court avec plusieurs passages féroces. Le tout en conservant ce soupçon d'humour sarcastique qui embellit les glorieuses pages des deux précédents volumes.
Les changements de ton ou d'environnement offre un rythme très soutenu, ponctué de trouvailles succulentes (le personnages du Ctaeh, Vashet, la ville de Haert,...). Le livre s'achève avec l'impression d'une multitude de chemins possibles pour le prochain et dernier tome des aventures de Kvothe. Restent à savoir lesquels va emprunter Rothfuss. Je ne serai pas surpris qu'il soit également divisé en 2 s'il est aussi conséquent que celui-ci. Peu de chances que toutes les questions laissées en suspens trouvent leur réponses, le but de l'auteur n'est pas de restreindre les rêveries et interprétations de son auditoire. Mais plutôt de l'inviter à réfléchir sur la manière de s'en imprégner et de les partager. La seule frustration rencontrée dans le lecture de ce tome-ci est que la partie consacrée au présent (Kvothe contant son histoire au Chroniqueur en compagnie de son élève Bast) ne semble pas dessiner une évolution notable. Ce qui au bout de trois livres peut paraître longuet, bien que la conclusion pourrait bien réserver une place plus importante à cette temporalité.

ConFuCkamuS
8
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le 30 juin 2020

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