Simon R. Green marie ici admirablement humour et frisson. Le roman suit une réelle évolution : le début est très drôle et plutôt léger mais chaque page gagne en tension jusqu’à atteindre son paroxysme au dénouement. L’histoire s’assombrit au fil de la lecture mais les personnages restent fidèles à eux-mêmes et leurs répliques finement ciselées sont souvent poilantes.


Parlons-en des personnages ! Chacun prend à contre-pied le stéréotype dont il est issu : le dragon loin du féroce cracheur de feu est un être raffiné qui collectionne les papillons, la princesse qui cohabite avec lui (car il ne la retient pas vraiment prisonnière) est loin de se laisser marcher sur les pieds par les hommes comme son statut de jeune-fille le voudrait, Rupert n’a rien d’un héros si ce n’est l’esprit aiguisé et le vrai prince héritier, quant à lui, n’est qu’un tas de muscles à la cervelle légèrement atrophiée. Le tout donne un mélange explosif qui fonctionne extrêmement bien.


Néanmoins, ce roman est loin d’être une simple parodie corrosive de quelques fables épiques. La Nuit de la lune bleue évoque avec beaucoup d’habilité des sujets aussi sérieux que le rôle des dirigeants, la nécessité ou non d’être honnête envers le peuple, la place des femmes dans la société, l’apprentissage du courage dans les situations désespérées ou le tragique de l’amour vrai.


Là où l’auteur excelle c’est pour écrire l’angoisse. Il réveille chez le lecteur cette peur archaïque du noir. L’anxiété se développe d’abord dans ce bois hyper oppressant où ne brille aucune lumière et finit par s’insinuer partout à mesure que les personnages laissent les épouvantes du Noirbois les terroriser n’importe où. Jusque dans des lieux aussi passionnants que l’aile disparue du château, gagnée par l’obscurité, où s’élève un escalier à l’envers, construction magique, chimérique et fascinante.


Voyage initiatique, complots de cours, sorciers dans leurs tours, histoires d’amour impossibles, scènes de batailles épiques, licornes, démons, dragons et épées magiques : La Nuit de la Lune bleue réuni tous les éléments des classiques du genre. C’est de la fantasy de haute volée que l’auteur signe là, mais avec cette touche d’originalité qui rend la lecture jouissive à souhait.


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AudryEsprint
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le 15 janv. 2016

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