J'ai acheté ce petit livre avant mon départ en vacances au Relay de l'aéroport un peu au pif et surtout par rapport à la longueur ; j'avais hésité avec Guerre et Paix, mais il aurait fini dans un coin fini au mieux au tiers. Au final, ce recueil a tenu quelques jours de lectures très sporadiques et jusqu'au bout !


Alors, il est toujours compliqué de vraiment juger à sa juste valeur une œuvre de ce type via sa traduction, malheureusement je ne sais pas du tout lire le Russe et je ne projette pas d'apprendre cette langue : je me contente donc du fond du livre et ma critique portera globalement là dessus même si les qualités de forme ne s'estompent pas totalement lors d'une traduction professionnelle.


Commençons par le titre principal, La Mort d'Ivan Illitch, que j'ai trouvé globalement meilleur que les autres. Meilleur car le concept, le déroulé de la vie du personnage éponyme sous le prisme de sa mort aperçue en début de nouvelle, est parfaitement exécuté avec beaucoup de détails sur les cycles psychologiques liés à la maladie et donc au spectre de la mort. On découvre le personnage en proie au déni, au doute, à l'hypocondrie (justifiée au final) et le résultat est proprement captivant car on se prend vraiment à glisser sur la même autoroute vers la mort que lui.
En miroir de celui de la mort vient le sujet de la vie, vie qui apparaît comme potentiellement gâchée alors qu'elle s'apprête à s'arrêter : cette petite vie proprette, casée, celle du parfait fonctionnaire bien sous tous rapports tout à fait routinière malgré quelques sursauts ; effet bien rendu par l'ironique répétition sur cet homme un peu lisse complètement noyé dans son quotidien : le cadre moderne quoi. L'acceptation par le sens est donc un nœud de la fin de récit.
En somme, le récit nous met en face également d'une comédie humaine complétée par la quasi indifférence de l'entourage plus préoccupé par son intérêt personnel (comme le "héros" ceci dit).


Au final, cette La Mort d'Ivan Illitch est une belle exécution de son principe, mais il n'y a pas plus de virtuosité que cela dans le contour du récit.


Vient ensuite Maître et serviteur qui - lui aussi - chemine vers la mort, cette fois d'un maître (bourgeois) et de son serviteur (de son "employé"). Un peu plus conceptuelle, cette nouvelle s'articule autour d'une critique plus mordante de la vanité des affaires mais aussi peut-être un peu plus naïve et simpliste. Pour faire simple (ok je caricature un peu), un méchant capitaliste un peu rapiat part de toutes urgence sous une tempête de neige pour acheter une forêt en dessous de sa valeur avec son employé sous-payé, exploité. Or, du fait de ces conditions météorologiques, nos deux amis vont tourner en rond jusqu'à s'épuiser et…mourir. Si le suspense, ou plutôt l'attente de la fin inéluctable (rien que du fait du sujet du recueil) est assez bien mené, le récit tourne un peu en rond autour de deux personnages peu fouillés. La fin figure la religion bidon de l'auteur de manière assez soft et ne porte que peu d'émotions vu les personnages.


Enfin, le dernier récit - Trois morts - est honnêtement complètement nul et l'image - en relation avec la religion (bidon) inventée par Tolstoï - est très laborieuse, explicitée d'ailleurs dans une lettre qui achève de retirer tout doute sur la nullité du récit.


6/10 pour l'ensemble, (petit) 7/10 pour le premier, 5/10 pour le second et 2/10 pour le troisième. Vuus l'aurez remarqué, ce n'est pas une moyenne car le récit le plus long et est celui vendu comme premier rôle.
Au passage, messieurs du "Livre de poche", il faudra m'expliquer le concept de spoiler tous les récits dans la préface. Quelle est la logique recherchée ? Vous ne proposez pas une édition faite pour les chercheurs mais pour le "divertissement" du particulier, bref, pour une première lecture. Alors pourquoi vous persistez à vous opposer aux lois élémentaires de la logique de lecture ?

Foulcher
6
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le 2 oct. 2019

Critique lue 148 fois

Foulcher

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