À peine publié début janvier 2018, The Woman in the Window s’est retrouvé en tête de la liste des best-sellers du New York Times. Une première place que ce thriller psychologique n’a plus quittée. Les critiques américains le comparent volontiers à La Fille du train de Paula Hawkins (opinion que je ne partage heureusement pas du tout). Alors que le livre n’était qu’à l’état de manuscrit, à l’automne 2016, le nom de son auteur, A. J. Finn, était sur toutes les lèvres dans le milieu de l’édition à New York.
Mais qui est A. J. Finn ?
A.J. Finn, de son vrai nom Daniel Mallory, âgé de 38 ans, était en fait bien connu de la plupart des éditeurs : il travaillait pour l’un d’eux, William Morrow, depuis plusieurs années. Il en était même devenu le vice-président. Mais personne dans l’entreprise ne savait qu’il écrivait. Après avoir soumis le manuscrit sous sa fausse identité à plusieurs éditeurs, dont son employeur, Daniel Mallory est parti une semaine en vacances, afin d’éviter que la collègue à qui il l’avait adressé “Je lui dépose le roman sur son bureau pour lui demander son avis”. Ce n’est que lorsqu’elle a présenté l’ouvrage à son supérieur que la collègue en question a appris la vérité. L’entreprise est alors entrée en négociations et William Morrow a fini par décrocher un contrat pour deux livres pour un auteur qui n’était autre que l’un de ses collaborateurs.
L’idée de The Woman in the Window est venue au jeune homme alors qu’il traversait une phase dépressive. Incapable de sortir de chez lui, il a, un jour, visionné Fenêtre sur cour, un film de Hitchcock où un photographe, se met à espionner ses voisins. Ainsi est né ce livre et, sans le savoir, en le lisant, c’est « Hitchcock » qui m’est venu à l’esprit !
Il s’agit d’un huis clos dans lequel évolue Anna. Elle a tout pour plaire, Anna, 39 ans, agoraphobe, alcoolique, accro aux médicaments, très assidue à observer la vie d’autrui au travers du viseur de son Nikon, et accessoirement pédopsychiatre !... On comprend pourquoi elle est séparée de son mari et de sa fille ! comme on l'apprend rapidement...
L’agoraphobie est la pièce maîtresse du roman. Vous connaissez ? J’avais plein d’idées fausses sur le sujet :
Si l'agoraphobie est souvent assimilée à une peur des lieux publics, et par extension de la foule, elle recouvre une réalité plus complexe : "La personne agoraphobe n'a pas peur "de la foule" mais "dans la foule". Et plus largement de ce qui pourrait lui arriver si elle se sent mal, dans la foule ou tout autre lieu d'où elle ne peut s'échapper ou être secourue rapidement du fait de l'environnement". Les situations qui cristallisent les peurs des agoraphobes sont donc extrêmement variées. Elles correspondent à des lieux très fréquentés et/ou clos (manifestations, embouteillages, ascenseurs, grands magasins, transports en commun, réunions de travail en "vase clos"...) mais aussi, ce qui peut sembler paradoxal, à de grands espaces sans présence humaine (plaine désertique, paysage enneigé, pont très long, tunnel...).
Ainsi, à deux ou trois reprises, notre personnage, Anna, se force à sortir de chez elle… et c’est une véritable épopée héroïque :
(Avant tout, il faut vous expliquer « le coup du parapluie », c’est son psy qui lui a trouvé le truc : se protéger du monde extérieur et de l’immensité du ciel, en déployant un parapluie devant et au-dessus de soi. Ce qui réduit l’espace).
Après avoir combattu la peur de voir la porte se refermer derrière elle, la peur de ne plus pouvoir rentrer chez elle, elle se décide :
« Je place mon parapluie – mon arme secrète, mon épée, mon bouclier – devant moi. Saisis la poignée. La tourne.
Ouvre.
L’air froid et vif m’assaille. Je ferme les yeux.
Silence. Obscurité.
Un. Deux.
Trois.
Quatre.
Mon pied droit rate la première marche et retombe lourdement sur la deuxième, me faisant chanceler dans la nuit, et mon parapluie avec moi. Le gauche dérape à son tour, achevant de me déséquilibrer. Mon mollet racle l’escalier et je m’effondre dans l’herbe.
»
Pas très fameux comme Haut Fait… mais que voulez-vous, ça fait dix mois qu’elle est comme ça : la trouille paralysante, le merlot (un cépage pour vin rouge), les cachets (chez nous on dit comprimés, ou médocs), tout ça ensemble, ça ne fait pas bon ménage.
Quelques jours plus tard, sa deuxième tentative n’est guère plus glorieuse :
« J’ai les nerfs à vif et mon cœur s’est emballé. Je sens l’Ativan se répandre dans mes veines, telle de l’eau dans un vieux tuyau rouillé. Un, deux, trois, quatre. Je force mon pied droit à avancer. Une seconde plus tard, le gauche suit. Je me remets en marche. J’ai du mal à croire que j’en suis capable, pourtant c’est le cas. » Quels progrès !
Bon, vous avez lu la quatrième ? Vous avez lu qu’elle pense avoir été témoin d’un crime perpétré chez un voisin ? Mais tous la tiennent pour une alcoolique névrosée et personne ne la prend au sérieux. Surtout pas la police. En outre plein de phénomènes inexpliqués viennent augmenter son trouble et son désarroi. L’atmosphère devenant de plus en plus oppressante, on ne peut que penser à l’univers des films d’Hitchcock.
NON, je ne vous en dirais pas plus. Vous l’avez compris, c’est une femme manipulée et l’auteur prend un malin plaisir à nous manipuler de même ! C’est le genre de livre que l’on ne referme qu’à la dernière page… on est pris dès le début et ça ne se relâche pas. Si on est OBLIGÉ d’arrêter sa lecture… c’est mauvais pour l’entourage, tellement on est impatient !
Si je ne lui ai mis que 8/10, c’est à cause du dénouement : il me semble que de la part d’une psy l’apothéose eut été d’éviter la violence. Si je lui ai mis 8/10, c’est parce que le suspense est à couper le souffle.

Philou33
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le 24 févr. 2018

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Philou33

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