Très différent de son prédécesseur, *La Faute de l'abbé Mouret" tient de l'"essai" - au sens brut du terme. La démarche de Zola est ici assez claire : une version contemporaine de la Génèse lui permet de commenter, d'observer les contradictions, les complexités, les aberrations parfois des dogmes chrétiens. Sans vraiment "dénoncer", l'auteur invite à constater, à réfléchir, transportant le lecteur dans un monde de poésie extrêmement bien charpenté. Beaucoup plus descriptif que La conquête de Plassans, La Faute de l'abbé Mouret est suffisamment beau et riche pour éveiller et attiser l'intérêt. Plus fortes, plus virales, plus sincères que dans "Le Ventre de Paris", les peintures proposées ici ont des allures immémoriales, et, si c'était encore nécessaire, montrent l'impressionnante culture de Zola et sa capacité à tisser des inférences, à construire des rapprochements sans jamais les forcer.
On regrettera simplement un départ trop poussif ; la longue mise en place du livre 1, où l'on découvre toute la dévotion de Serge, pourrait apparaître comme un obstacle aux lecteurs les moins patients. Le roman prend tout son intérêt à partir du livre 2, et même si l'introduction est nécessaire, elle aurait sans doute pu être amputée de quelques redondances.
Quoi qu'il en soit, j'aime ce roman autant que celui qui le précède, mais pour de toutes autres raisons. La fin est d'ailleurs excellente ; la dernière phrase en dit long avec une simplicité déconcertante.

Botwin
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Ma lecture des Rougon-Macquart

Créée

le 2 mars 2017

Critique lue 249 fois

Botwin

Écrit par

Critique lue 249 fois

D'autres avis sur La Faute de l'abbé Mouret

La Faute de l'abbé Mouret
Eggdoll
9

Redonner au mythe ses lettres de noblesse littéraire. (Ou une histoire d'amour.)

... Mais y a-t-il besoin de faire revivre un mythe si fondateur, si présent à tous les esprits, cet épisode de la Genèse avec Adam et Eve, que nul n'ignore ? N'est-ce pas déjà trop littéraire, trop...

le 3 juin 2013

17 j'aime

5

La Faute de l'abbé Mouret
aaiiaao
10

Critique de La Faute de l'abbé Mouret par aaiiaao

Un éblouissement de quatre-cents pages : la plume déliée et virtuose de Zola est un délice, les descriptions du Paradou sont vibrantes de vie et de sensualité, le tissage serré des thématiques entre...

le 15 mai 2020

7 j'aime

La Faute de l'abbé Mouret
BibliOrnitho
7

Critique de La Faute de l'abbé Mouret par BibliOrnitho

Serge Mouret a été ordonné prêtre, lui que l’Abbé Faujas avait poussé vers Dieu dans l’opus précédent (La Conquête de Plassans). L’enfant devenu homme (Serge est âgé de 26 ans) est gardien de l’âme...

le 15 déc. 2014

7 j'aime

5

Du même critique

Monk
Botwin
8

Critique de Monk par Botwin

Nous sommes en 2004 (je crois), je suis chez ma grand-mère. J'ai (il me semble) quatorze balais, une gamecube, et un Journal de Mickey sur la table du salon. Et j'adore les séries policières. Enfin,...

le 2 janv. 2011

65 j'aime

6

L'Étrange Noël de Monsieur Jack
Botwin
5

Que vois-je ?

Ce genre de films devrait être diffusé dans une salle réservée à ceux qui aiment l'univers de Tim Burton, une sorte de fan club exclusif. Ca devrait pas être lâche sur le domaine public. Arrêtez de...

le 30 nov. 2010

37 j'aime

24

Happy Tree Friends
Botwin
1

Critique de Happy Tree Friends par Botwin

Des animaux se massacrent, ha ha ha, au début on aurait dit qu'ils étaient mignons et en fait non, ho ho ho. C'est moi ou, en plus d'être complètement con, ce concept ne peut être que terriblement...

le 20 déc. 2010

32 j'aime

4