Dans La fausse maîtresse, on retrouve le thème fort à la mode de l'homme amoureux de la femme de son meilleur ami. Evidemment, Thaddée Paz est plus beau qu'Adam Laginski, ami et maître.

Quelles funestes pensées saisirent la comtesse en observant de nouveau le contraste de la belle nature si complète qui distinguait Thaddée et de cette grêle nature qui, chez Adam, indiquait la dégénérescence forcée des familles aristocratiques assez insensées pour toujours s’allier entre elles ?

Evidemment aussi, il est plus méritant, puisque, désargenté à la base, il fait dans leur ménage toutes les économies nécessaires à leur sauvegarde, le mari étant très trop joueur et la femme n'ayant jamais fait d'économies. Déjà que Clémentine du Rouvre a échappé de peu à la ruine...

Le marquis du Rouvre avait presque entièrement dissipé l’une des plus belles fortunes de la noblesse, et à laquelle il dut autrefois son alliance avec une demoiselle de Ronquerolles. Ainsi, du côté maternel, Clémentine du Rouvre avait pour oncle le marquis de Ronquerolles, et pour tante madame de Sérizy. Du côté paternel, elle jouissait d’un autre oncle dans la bizarre personne du chevalier du Rouvre, cadet de la maison, vieux garçon devenu riche en trafiquant sur les terres et sur les maisons. Le marquis de Ronquerolles eut le malheur de perdre ses deux enfants à l’invasion du choléra. Le fils unique de madame de Sérizy, jeune militaire de la plus haute espérance, périt en Afrique à l’affaire de la Macta. Aujourd’hui, les familles riches sont entre le danger de ruiner leurs enfants si elles en ont trop, ou celui de s’éteindre en s’en tenant à un ou deux, un singulier effet du Code civil auquel Napoléon n’a pas songé. Par un effet du hasard, malgré les dissipations insensées du marquis du Rouvre pour Florine, une des plus charmantes actrices de Paris, Clémentine devint donc une héritière. Le marquis de Ronquerolles, un des plus habiles diplomates de la nouvelle dynastie ; sa sœur, madame de Sérizy, et le chevalier du Rouvre convinrent, pour sauver leurs fortunes des griffes du marquis, d’en disposer en faveur de leur nièce, à laquelle ils promirent d’assurer, au jour de son mariage, chacun dix mille francs de rente.

En plus, Thaddée Paz c'est quand même un nom super.

Paz a peur que la jeune et belle Clémentine du Rouvre s'en aperçoive et tombe amoureuse de lui, modestie quand tu nous tiens. Du coup, il se cache derrière une fausse maîtresse, Malaga, fille du cirque, puis un peu fille de joie.



Du coup, elle le méprise, il a réussi. Mais il en souffre, tellement qu'il finit par partir, mais en lui disant la vérité juste avant.

Et oui, moyennement happy endé, Clémentine est donc tentée de l'aimer, suivant le phénomène que l'on a observé dans Etude de femme, mais il disparaît en même temps, donc elle ne peut jamais concrétiser. Tristesse ? Espoir semi-permanent ?

Bon, sinon, le livre a été adapté au cinéma, une adaptation qui peut être intéressante puisque l'histoire a bien été retranscrite dans le monde moderne des années 1942.


Allez, une blagounette pour finir, le polonais vu par Balzac :

Qu’il soit permis d’écrire les noms comme ils se prononcent, pour épargner aux lecteurs l’aspect des fortifications de consonnes par lesquelles la langue slave protège ses voyelles, sans doute afin de ne pas les perdre, vu leur petit nombre.
Phae
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le 4 juin 2013

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Phae

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