Véritable référence, l'essai de Thomas Laqueur - qui a grandi dans l'univers médical - nous plonge dans des textes peu connus et retrace avec brio l'histoire de la représentation et médicale du sexe et du genre depuis Aristote.
Les deux parties les plus remarquables sont, à mon humble avis, "La découverte des sexes" et "Le sexe socialisé", qui permettent de comprendre avec précision comment en sommes-nous arrivés à ainsi percevoir le sexe et le genre... Tout en ne négligeant pas les anecdotes, à la manière de Beauvoir dans le Deuxième Sexe. Ainsi Laqueur, avec une pointe d'ironie, nous raconte l'histoire de Mabel Loomis Todd en ces termes :
"le 15 mai 1879, Mabel Loomis Todd - qui fut plus tard la maîtresse du frère d'Emily Dickinson - procéda à une expérience d'une extraordinaire précision. Son hypothèse était qu'elle ne serait féconde qu'au moment de l'orgasme parce que ensuite sa matrice ne manquerait pas de se resserrer et qu' "aucun fluide ne pourrait désormais atteindre le point fructueux". Afin de tester cette proposition, elle se permet, dit-elle, de "recevoir le précieux fluide au moins six ou huit minutes après qu'était passé pour moi le point de la jouissance la plus intense et que j'étais comblée". Elle se leva et comme tout le sperme de son mari s'était apparemment échappé, elle se crut justifiée ; neuf mois plus tard, la naissance de leur fille Millicent prouva qu'elle avait tort.".
Je finis cette courte critique par une mention spéciale à l'excellente traduction de Michel Gautier qui permet une lecture plaisante d'un ouvrage pouvant sembler, au départ, difficile d'accès.
noar
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le 28 juil. 2013

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