Je divulgâche et j'en ai rien à foutre

C'est le premier roman de Mélissa Da Costa que je lis et je ne lui en tiens pas rigueur.

Honnêtement, je suis surprise des si bonnes notes et critiques attribuées à ce bouquin. Oui, ça se lit bien et vite, au moins elle nous épargne des souffrances, il faut lui reconnaître ça. Mais est-ce que la pauvreté du style d'écriture suffit à en faire un chef-d'oeuvre ?

Passons sur le scénario capillotracté du roman. Admettons, pourquoi pas. Faisons preuve de crédulité. Si l'autrice n'a pas fait d'effort pour rendre plausible son scénario, on pourrait croire que l'accent va être mis sur les personnages, que ce sont eux qui vont porter l'histoire, nous rendre ce roman exceptionnel.

Que nenni !

Les personnages sont tous plus médiocres les uns que les autres. Le personnage principal est tout bonnement insupportable. L'héroïne est un être absolument passif et victimaire. Mêmes ses pensées sont d'une pauvreté affligeante. J'aurais voulu m'identifier à elle, comprendre ce qu'elle vit, avoir de la sympathie et de la pitié pour elle, être en colère lors de ses éclats de voix, être excitée lors de ses parties de jambes en l'air, exaltée sous l'effet de ses stupéfiants. Mais non, le roman reste profondément plat. Èvie vocalise, mais ne ressent rien. Elle dit "olalala j'ai cru que tu allais m'étrangler", il répond non, hop, on passe à autre chose. On ne ressent pas la peur, l'urgence.

Plus que tout, on ne ressent pas la folie. Èvie prend de la cocaïne pour la première fois et dix pages après elle est accro au point de se faire des lignes toute seule dans sa chambre et d'agresser l'homme qu'elle aime pour qu'il lui fournisse sa dose.

Mais moi, je veux comprendre cet état. Je veux qu'elle prenne du recul, qu'elle se dise qu'elle en a envie, que c'est irrépressible, qu'on le sente. Je veux qu'on la sente devenir accro. Mais non, on n'a droit à aucune pensée, à aucun ressenti. Elle l'oralise, "oh j'ai envie d'une ligne de coke" et la voilà devenue une junkie.

Et ce n'est pas crédible. Je ne crois pas à ses addictions, ni à la drogue, ni à Pierre, qui semble médiocre à tout point de vue.

L'intégralité du roman repose sur la tension sexuelle et la relation entre deux personnages, et pour être honnête, il y a autant d'alchimie entre Èvie et Pierre qu'entre deux cailloux. Oui, ils interagissent c'est vrai. Elle parle, il lui répond, et vice et versa. Quelle passion dévorante !

J'aurais voulu qu'elle le désire, qu'on comprenne l'attrait irrésistible qu'elle a pour lui. L'autrice aurait dû nous le rendre attirant. Le type n'a aucun intérêt. Il n'est ni charmant, ni excitant, ni touchant. Apparemment, il plaît à l'héroïne, mais c'est un constat plus qu'un ressenti. Oui, on imagine qu'il doit lui plaire. Non pas qu'on en ait la sensation.

Les situations intimes pourraient être excitantes si l'autrice avait daigné nous peindre davantage d'émotions. Merde, c'est trop demander des pensées ? C'est tout de même un tour de force que d'écrire un roman entier sans nous transmettre la moindre émotion. J'ai déjà ressenti plus d'émoi en lisant une recette Marmiton, et au moins j'ai la possibilité de faire un gâteau après.

Et la fin, oh la fin. Que dire.

J'ai rarement lu une fin si expéditive et bâclée. Elle est enceinte, on la fait avorter contre son consentement, elle pète un câble (mais plus d'un mois après parce qu'apparemment son plan est si machiavélique qu'il nécessite qu'elle y réfléchisse des semaines entières, spoiler : non.), elle s'immole, allez, on plie bagage, c'est terminé. Merci à tous, c'est le livre de l'année pour Marie-Claire.

Quelle fin ! J'imagine que les adolescentes pré-pubères pseudo artistes ciblées en ont eu la chair de poule. Et on nous vend un roman noir, quelle blague.

Klapito
1
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le 4 janv. 2024

Critique lue 380 fois

4 j'aime

Klapito

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