amnésie antérograde, qui peut survenir aux doses thérapeutiques, le risque augmentant proportionnell

Que ce soit dit, je n'aime pas les vers, je trouve que c'est un exercice intellectuel intéressant, j'en goûte les sonorités, mais je prends le parti de la Bruyère quand il dit qu'il y a un mot exact pour décrire chaque chose ou sentiment et qu'il faut travailler à s'en approcher au plus près, et c'ets tout le contraire de la poésie. Dante lui même, dans le Paradis, chant premier "Il est bien vrai - de même que la forme/ N'obéti pas toujours aux volontés de l'art [...]" se rend compte du problème.Car en effet, La Divine Comédie se veut une œuvre sérieuse, or sa forme engoncée dans son corset syllabique en est desservie.
De plus, à cause d'obscurs préceptes kabbalistiques, Dante est obsédé par le chiffre trois, et ses multiples, ainsi, il délaye ou réduit son propos pour arriver à des rythmes ternaires. Ainsi aux sept pêchés capitaux il va en ajouter deux, pour arriver à neuf, ce qui est bien plus esthétique. Et pour que le paradis soit symétrique il va le diviser en plusieurs ciels, correspondant à nos planètes qui hébergent chacun les morts selon leur degré de grâce... Et se perdant ensuite dans des justifications interminables sur cette iniquité.

Pour moi cette œuvre lui a surtout servi à régler ses comptes, mettant ceux qu'il n'aimait pas en enfer, et ses amis au paradis, même si pour éviter cette critique il a mis quelques ennemis au Purgatoire.

J'aime les références culturelles dans les livres, ce sont des clins d'œils qui allègent l'histoire, la font respirer, ici on est en permanence confrontés à l'immense culture du poète, parfois plusieurs références par vers, et cela devient asphyxiant.

Il cherche à se poser en théoricien absolu de la chrétienté, notamment dans les questionnements que lui font les saints à la fin du Paradis, et il met les limbes en enfer, et Aristote (entre autres) dans les Limbes? Les bras m'en tombent...

Bien qu'on ne tarisse pas d'éloges à propos de cet ouvrage je n'ai senti qu'un homme prétentieux qui cherche à racheter sa culpabilité par des vers. De plus, de se permettre de juger autrui en allant jusqu'à les condamner à l'enfer, c'est pas un peu se prendre pour Dieu?
Diothyme
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le 4 sept. 2011

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Diothyme

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