Être médecin, philosophe et alchimiste au XVIème siècle et publier des livres déplaisant à l’Eglise, à la Sorbonne et finissant, souvent par être brûlés ne garantit pas, a priori, une longue durée de vie. Zénon a vécu près de soixante ans, non sans avoir beaucoup voyagé depuis son départ de Bruges, à 20 ans, ville où il reviendra bien des années après et qui marquera sa fin. L’Oeuvre au Noir, titre du roman de M. Yourcenar signale déjà le penchant vers l’alchimie qui sera à l’œuvre dans cet ouvrage. Enfant naturel, poussé par son ouverture d’esprit, Zénon va donc s’intéresser à la médecine, aux astres, aux voyages, etc.
Toutefois, il évolue dans un espace social, différents champs où ne pas respecter les règles du jeu conduit aux accusations d’hérésie et à la peine de mort. Le repos apparaît donc absent pendant une grande partie du roman pour Zénon, véritable « globe-trotter » autant par curiosité que par nécessité (du moins on peut le supposer). Les expériences qu’il a menées tout comme ses échanges avec les personnes qui ont (vraiment) discuté avec lui nous montrent une connaissance sur le monde en train de s’établir en même temps qu’elle se heurte aux savoirs établis et suscitent donc le soupçon d’hérésie.
En résumé nous sommes en présence d’un roman qui se lit avec intérêt tout en nous montrant la trajectoire notamment de Zénon (ses parents, Henri-Maximilien et d’autres étant évoqués plus succinctement), à une époque marquée par les conflits religieux (cf. le siège de la ville de Münster, la lutte contre les anabaptistes, etc.) et les guerres...