L'île des esclaves est une sorte de satire sociale dénonçant les abus des bonnes gens méprisant leurs valets. Des binômes maître/esclave échouent donc sur une île où les rôles sont inversés, et on réalise alors que ceux qui ont souffert et sont attachés aux valeurs morales plutôt qu'aux richesses ne peuvent martyriser leur prochain, en dépit de leur rancoeur. C'est une belle ode à l'empathie et à la bonté, une leçon de vie universelle en somme. Marivaux nous montre, à petite échelle, comment ne pas profiter de ses avantages sociaux pour écraser les plus petits que soi.
En revanche, j'ai trouvé le déroulement de la trame plus qu'expéditif! La pièce est très très courte, et la prise de conscience chez les personnages semble donc quasi immédiate. J'ai trouvé ça un peu frustrant car j'aurais aimé voir le processus plus étalé et détaillé. Tous les personnages sont par contre attachants, il suffit de quelques pages, finalement, pour saisir leur psychologie et les comprendre.
Le style de Marivaux est également très fluide et accessible, ce qui pousse à dévorer la pièce en très peu de temps. C'est agréable et rondement mené.