Alors que les personnages rivalisent de pessimisme et sont tous en proie à leurs vices, le roman de Walter Tevis fait la part belle à la dimension psychologique. Et c'est de loin son aspect le plus remarquable. Par ailleurs, il propose également un état des lieux de la société de l'époque et se lance dans une réflexion intéressante sur l'évolution de la grande industrie ainsi que sur la manière dont les anciens prolétaires en sont maintenant les nantis, grâce à l'aide des organismes gouvernementaux et par la dérive d'un certain contrat social. Il soulève ensuite quelques problématiques environnementales et s'inquiète d'une éventuelle guerre, deux sujets paradoxalement très actuels et un peu datés. Ces différents points sont malheureusement disséminés le long d'une trame plutôt faible. En effet, le fil narratif est assez pauvre, de même que certains ressorts. Heureusement, ces défauts sont largement comblés par la réflexion sur le désespoir. Dans ce domaine, Walter Tevis est bon. Vraiment, vraiment bon. Et rien que pour ça, il faut lire ce roman, un jubilatoire concentré de pessimisme qui vous rappelle que si vous êtes dépressif, c'est que vous êtes vivant.
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