Jokin Sasco se rend sur Bordeaux pour un entretien d’embauche. Avec lui, une valise. Mais sur une aire d’autoroute, il est intercepté par cinq homme cagoulés qui lui feront vivre l’enfer.


Iban Urtiz est journaliste pour un quotidien basque. Il doit rejoindre un de ses collègues, un photographe qui ne l’apprécie, suite à une conférence de presse donnée par la famille de Jokin.


Iban veut faire toute la lumière sur cette disparition.


Deuxième roman pour moi de ce formidable auteur qu’est Marin Ledun. Un roman aussi prenant que dans Le ventre des mères, même si au niveau dureté, ce n’est pas le même niveau. L’homme qui a vu l’homme est un roman politique, explicatif sur la situation du Pays Basque français et espagnol avec ETA, la police secrète espagnole qui agit sans être inquiétée par les Français et bien souvent main dans la main. Mais cela ne devrait plus être le cas avec la sorte de trêve qui aurait dû être signée. Poursuivre tous les actes terroristes mais sans passer par les cases de tortures. On pourrait penser que Marin Ledun prend fait et cause pour les militants ETA mais il dénonce tout un système d’un côté comme de l’autre. Le silence est d’or. Au Pays Basque, il a encore plus de valeur. Au Pays Basque, on accepte pas trop les étrangers, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas de la région. Personne ne parle pour se cacher, se couvrir ou pour éviter tout simplement d’être poursuivi, de voir sa famille torturée. En cause, l’argent. A qui profite réellement le crime ? C’est ce que vont tenter de découvrir les deux journalistes, un Basque pur souche et un Basque qui n’a que le nom mais qui ne fait pas partie de la région, car élevé en Savoie. D’ailleurs, que cherche en définitive Iban ? La vérité sur ses origines, sur son père ? On ne le saura jamais, on peut juste imaginer ce qui lui est arrivé.


Quand on connait bien la région, de Bordeaux à Biarritz, c’est très facile de reconnaître certains noms de lieux que l’on a pu traverser. Cela donne tout de même une autre dimension au roman. Je ne me rappelais pas que les distances étaient toutefois aussi réduites. De plus, la période du roman se situe pendant la grande tempête de 2009. Cela donne des paysages ravagés, désolés, donnant une ambiance encore plus surréaliste à ce qui se passe.


Suite au dernier chapitre, j’ai tout de même vérifié sur Internet la part de véracité de l’histoire de Marin Ledun. Est-ce vraiment un roman ? Marin Ledun s’est donc basé sur un fait divers authentique et dénonce cette guerre sale qui continue, ce terrorisme d’Etat, cette politique. Marin Ledun parsème son roman de faits historiques et explique en partie l’histoire d’ETA, des GAL, des femmes qui veulent la vérité, qui en ont marre de souffrir. La vérité doit éclater et ne plus être ancrée dans cette région où seuls les journaux locaux tentent de rapporter les faits, mais rien au niveau national, surtout ce microcosme parisien.


Marin Ledun nous offre une très belle enquête menée par deux hommes, chacun de leur côté. Il faut du cran, même si on a peur, qu’on meurt de trouille, pour tenter de faire éclater cette vérité où nombreux sont ceux à avoir été torturés mais ils n’ont aucune défense juridique. Le rythme est enlevé car d’un côté il y a Iban Ortiz et Elizabe et de l’autre ces mercenaires et ceux placés au plus haut sommet de l’Etat qui tentent de rattraper le coup. Car tortures ne signifient pas pour autant exécutions et morts.


Même tiré d’un fait réel, même romancé, Marin Ledun a tout bien étudié. Le roman est moins macabre que Dans Le Ventre des mères mais il s’intéresse, avant tout, à des faits de société, à des faits actuels, en lien avec le passé. Pas facile de pénétrer dans cet univers mais il l’a réalisé avec brio.

Angélita
9
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le 15 juil. 2015

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Angélita

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