Superbe, grandiose, j'en passe et des meilleurs (Adjectifs)...
Je comprends pourquoi mon homme a lu les quatre tomes sans coup férir.
Nous sommes, lui et moi, accros aux romans d'action historiques, et nous ne crachons pas sur un brin de fantastique au passage, autant dire qu'ici, on ne peut qu'être comblés.
Ces temps-là étaient durs.
Dans un style impeccable, vivant, (ou mort, c'est au choix...), H. Gagnon, auteur canadien de son état, nous livre là une guerre de religion (catho contre cathares) bien troussée, assez gore, qui ne s'embarrasse ni de fioritures, ni de raccourcis. C'est juste parfait, donc, à mon goût.
Les personnages sont forts. Même les faibles et même les secondaires ! Que ce soit Florent de Rossal, le père Prelou, Bertrand de Montbard, Pernelle, Evrart de Nanteroi ou Esclarmonde de Foix, quel panache, quels beaux personnages... Même les affreux sont beaux dans leur démesure fanatique, cupide et/ou calculatrice, comme Onfroi, Simon de Montfort ou Arnaud Amaury, légat du pape.
Sans parler de notre anti-héros, Gondemar de Rossal, car c'est de son point de vue que nous vivons le récit.
Si le début est un peu long (l'éducation de Gondemar), il consiste en fait à nous narrer comment celui-ci devient un "monstre", et comment il va en arriver à subir ce qu'il subit.
Car le titre du bouquin est exactement son sort. IL est damné. Et son rachat aux yeux de Dieu passe par une "quête" personnelle, dont il ne sait rien au départ, et qu'on découvre avec lui. Cette quête va lui faire traverser divers enfers, dont le sien propre, notamment.
Etant donné qu'il y a quatre tomes, je me doute bien que l'histoire ne s'arrête pas là, mais la fin, avec ses révélations, apporte une satisfaction notable au lecteur, et on n'éprouve pas forcément le besoin de sauter sur le tome suivant. Je vais les lire, cela est sûr et certain, mais sans précipitation, ce qui n'est pas plus mal.
De plus, connaissant bien la région et, en tant qu'amoureuse des vieilles pierres, quelques-unes des forteresses cathares dont il est question dans ce roman, notamment Montségur, les voir "revivre" dans ce superbe roman est juste un plaisir incroyable.
Je pense que Gagnon a du lui-même y passer quelques temps pour les décrire aussi bien.
Bref, j'ai un gros coup de coeur pour ce roman, à la fois pour des raison "sentimentales" et pour le pur plaisir de lecture que ça a été. Je me dois toutefois de prévenir les âmes sensibles qu'il y a de nombreuses scènes de guerre, de découpages en morceaux, de tortures, de pillages et autres viols. C'est réaliste, en fait. Juste...