Aimer est un art réservé aux artistes... et aux sages.

Résumé :

L'analyse du sentiment amoureux est ici élargie à ses implications sociales et politiques. Elabore une typologie du besoin, puis des formes de l'amour et de ses objets (amour fraternel, maternel, érotique, amour de soi et amour de Dieu), pour proposer une alternative à ce que l'auteur appelle la décomposition de l'amour dans la société occidentale, grâce à une relecture de Freud et de Marx.


Quatrième de couverture :

« L'amour n'est possible que si deux personnes communiquent entre elles à partir du centre de leur existence... Qu'il y ait harmonie ou conflit, joie ou tristesse, c'est secondaire par rapport au fait fondamental que deux personnes se rejoignent à partir des profondeurs de leur existence, qu'elles ne font qu'un l'une avec l'autre en ne faisant qu'un avec elles-mêmes, sans fuir leur propre réalité. Il n'y a qu'une seule preuve de la présence de l'amour : la profondeur de la relation, la rivalité et la force de chaque personne. » Erich Fromm

La révolution de l'amour est, pour Erich Fromm (1900-1980) – une des grandes figures de l'école de Francfort et lecteur averti de Freud et de Marx –, l'unique alternative à la destruction de l'humanité. Une psychanalyse adaptée au social, un socialisme humanitaire, une grande confiance dans l'homme qui peut construire une société différente, fondée sur le respect de la vie et sur l'amour, telles sont les idées maîtresses de cet humaniste. C'est le propos de son Art d'aimer : un art, l'art même qui fait l'homme libre.

Sommaire :

AVANT-PROPOS
I. L’AMOUR EST-IL UN ART ?
II. LA THÉORIE DE L’AMOUR
1. L’amour, réponse au problème de l’existence humaine
Angoisse de la séparation et besoin de la surmonter
Première solution partielle : les états orgiaques
Deuxième solution partielle : le conformisme
Troisième solution partielle : le travail créateur
L’amour, seule solution humaine
Les formes imparfaites de l’amour par union symbiotique
L’amour accompli, pouvoir actif de participation
Signification du don
Sollicitude de l’amour
Amour et responsabilité
Amour et respect
Amour et connaissance
Amour, réunion de l’homme total : polarité masculine et féminine
Erreur de Freud
2. L’amour entre parents et enfants
3. Les objets d’amour
a. L’amour fraternel
b. L’amour maternel
c. L’amour érotique
d. L’amour de soi
e. L’amour de Dieu
Passage des religions matriarcales aux religions patriarcales
Passage du principe anthropomorphique eu principe monothéiste
Logique aristotélicienne et logique paradoxale
Implications sur le plan religieux et éthique
Amour de Dieu et amour des parents
III. L’AMOUR ET SA DÉSINTÉGRATION DANS LA SOCIÉTÉ OCCIDENTALE CONTEMPORAINE
La structure du capitalisme
Conséquences : l’homme-marchandise
L’amour comme relation d’équipe
Primat de la technique sexuelle
Réduction de l’amour à la sexualité chez Freud
Sullivan et l’égoïsme à deux
Formes d’amour névrotiques d’origine familiale
Autre formes pathologiques de l’amour
Désintégration de l’amour de Dieu
IV. LA PRATIQUE DE L’AMOUR
Ce que requiert la pratique de tout art
Pratique de la discipline
Pratique de la concentration
Sensibilisation à soi-même
Exigences propres à l’amour :
l’objectivité, remède au narcissisme
Foi rationnelle et foi irrationnelle
Orientation active et productive
Distinction antre amour et équité
Pratique de l’amour dans la société actuelle

Mon avis personnel :

J’ai découvert Erich Fromm il a plusieurs années déjà, dans une petite bouquinerie située à Fromentine, une station balnéaire de Vendée faisant face à l’Île d’Yeu. J’étais alors tombé sur son ouvrage « Avoir ou être : un choix dont dépend l'avenir de l'homme », un ouvrage qui critiquait le matérialisme, l’égoïsme et l’hédonisme extrême de la société contemporaine, facteurs qui menaçaient gravement aussi bien l’humanité que la nature. Cet ouvrage m’avait déjà ébloui, j’étais en accord parfait avec l’auteur.

J’ai récidivé récemment avec son « Art d’aimer ». Cet ouvrage fait suite à une série de lectures et de découvertes récentes consacrées à l’amour, série que j’ai inaugurée il y a plus d’un an avec « La psychologie de l’amour » de Rashna Imhasly-Gandhy, et qui se poursuit avec l’« Éloge de l’amour » d’Alain Badiou, sans oublier les écrits et les conférences géniales de Leo Buscaglia. L’intérêt que je porte au domaine amoureux, ma curiosité naturelle, ainsi que ma volonté d’enrichir mon opinion concernant ce sujet fondamental motivent ces lectures.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire « L’art d’aimer » d’Erich Fromm, parce que sa pensée rejoint la mienne ainsi que celle des auteurs cités ci-dessus. Le livre est simple à lire, il est plutôt court. Son ambition – inavouée mais perceptible – est de comprendre le comportement de « l’individu moyen » (j’aime bien parler d’individu médiocre dans ce cas, et il s’agit malheureusement de l’immense majorité de l’humanité) et de montrer en quoi consiste l’amour « vrai », ou Amour. Au cas où on ne le saurait pas encore, Erich Fromm nous montre que l’amour est anti-narcissique, inconditionnel et désintéressé par essence. Pour moi, c’est l’évidence même. Il nous dit aussi qu’aimer est « mieux » que d’être aimé – point sur lequel j’ai toujours été d’accord : j’ai évidemment un besoin d’être aimé, comme tout le monde, mais ce qui peut me faire souffrir, ce n’est pas le fait de ne pas être aimé, c’est la situation de ne pas pouvoir aimer, l’envie d’aimer étant chez moi infiniment plus importante que le besoin d’être aimé. Bref, je m’égare car je commence à parler de moi. Erich Fromm nous explique que l’amour de l’autre nécessite d’abord l’amour de soi. Il nous explique qu’aimer une seule personne au détriment de toutes les autres est voué à l’échec : l’amour est global et indivisible. Il nous dit qu’aimer signifie le don, la sollicitude, la responsabilité, le respect, la connaissance, la discipline, la concentration, l’introspection, l’objectivité et la foi. La foi en soi, en l’autre et en l’Humanité. Ce qu’Erich Fromm combat, c’est le cynisme, le blasement, la sécurité qu’on recherche à tout prix, ainsi que la médiocrité inhumaine de la vie des automates que la majorité des humains sont aujourd’hui devenus. Il cite, entre autres, Maître Eckhart, Baruch Spinoza, Simone Weil ou encore Albert Schweitzer. « L’art d’aimer » est un ouvrage que je conseille vivement à toute personne faisant preuve d’un regard critique sur elle-même et sur la société, et désirant débuter, poursuivre ou consolider sa quête de l’amour, ici défini comme une valeur et un sentiment indispensable et universel.

Quelques mots sur l’auteur…

Erich Fromm (1900 – 1980) était un psychologue social, un psychanalyste, un philosophe humaniste et un socialiste démocratique américain d’origine juive allemande, associé à la doctrine dite de « Théorie critique » de l’École de Francfort dont il fut membre.

“L’amour infantile suit le principe : « J’aime parce que je suis aimé ». L’amour parvenu à maturité suit le principe : « Je suis aimé parce que j’aime ». L’amour inachevé dit : « Je t’aime parce que j’ai besoin de toi ». L’amour accompli dit : « J’ai besoin de toi parce que je t’aime ».”

― Erich Fromm – L’art d’aimer.
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le 31 oct. 2012

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