Journal d'un périple transafricain en 1931, aux aspects bien fastidieux...

Publiée en 1934, cette première œuvre de Michel Leiris est son journal intime rédigé lors de la mission Dakar-Djibouti de 1931, pour laquelle il avait été recruté par Marcel Griaule en tant que secrétaire archiviste, et qui marquait ses débuts "autodidactes" en ethnologie (qui le conduiront à sa célèbre et controversée thèse sur les Dogons en 1947).

Ce périple ethnogrpahique transafricain comporte trois moments au style et au contenu fort distincts : de Dakar au Soudan anglo-égyptien tout d'abord, un récit relativement classique de voyage et d' "information", parsemé de notes et d'impressions personnelles (au cours duquel se situent toutefois les éléments qui provoqueront, à parution, la grande brouille avec Marcel Griaule, furieux de voir exposées les méthodes plutôt brutales utilisées pour "acquérir" des artefacts traditionnels) ; d'un long piétinement à la frontière éthiopienne ensuite, où peu à peu s'installe l'ennui et où les considérations personnelles (dépression et névrose) prennent l'ascendant ; d'une immersion à Gondar, en Éthiopie, enfin, entièrement dominée par les innombrables tracasseries administratives et par une étude la plus méticuleuse possible du zar, cette sorte de vaudou existant sous forme chrétienne et sous forme musulmane, répandu dans toute la côte africaine de la mer Rouge, séjour éthiopien durant lequel les démons intérieurs de l'auteur finissent par envahir le récit...

Au total, même si ce journal marque à la fois l'éveil d'une vocation et contient de précieuses touches de ressenti sur l'Afrique de 1930, je dois hélas reconnaître que j'ai eu bien du mal à aller au bout, et que je me suis passablement ennuyé... Il est vrai que l'introspection névrotique romancée n'est pas mon genre préféré, surtout dans ce contexte de l'entre-deux-guerres ("Les mots" de Sartre comme "Si le grain ne meurt" de Gide ne figurent pas - du tout- dans mon panthéon)...

J'attendrai donc d'avoir lu "L'âge d'homme", réputé comme l'explosion de l'art autobiographique de Leiris, pour décider si ce laborieux préliminaire en valait vraiment la peine..
Charybde2
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le 3 sept. 2012

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