King Kong Théorie est une autofiction sociologique puisque Virginie Despentes y parle de son expérience personnelle autour de trois thèmes qu'elle a elle même connus à des degrés bien divers: le viol, la prostitution et la pornographie. Loin de trop tirer la couverture à elle-même, l'auteur généralise sur la condition féminine du début du vingt et unième siècle et pose subtilement la question: le féminisme doit-il se réinventer? Bien avant la Femen, Virginie Despentes prône une fémininité active, va-t-en-guerre et débridée pour en finir avec des schémas machistes qu'elle veut proscrire avec les autres femmes. C'est bien écrit, rentre dedans comme l'est souvent l'écrivain dans la vie et ce livre s'articule aussi sur des écrits de féministes américaines dont le discours a le mérite de remettre en perspective le débat féministe actuel. L'histoire personnelle de Virginie Despentes permet aussi une justification de ses premières publications littéraires et éclaire un peu ses choix de l'époque,une démarche courageuse pour un écrivain bien installé dans le paysage littéraire français.
Dans le prolongement de King Kong Théorie, son adaptation théatrale emmenée par Barbara Schultz,actrice au fort tempérament, mériterait aussi une halte pour constater l'utilisation d'un tel matériau narratif.