J'aime la curiosité des coïncidences. A peine achevée la Saga des Malaussène que je tombe sur le dernier né de Daniel Pennac.


Loin des tribulations de la famille humaniste qui égaye tout Belleville de ses couscous et crimes farfelus, Pennac nous offre un roman (quoiqu'un peu essai-fiction quand même) on ne peut plus égocentrique (du point de vue du narrateur hein) qui se parcourt comme on lit une biographie. A la différence que celle-ci n'a pas pour but de dévoiler la vie de l'homme, non, plutôt la vie du corps.


Du moment où le journal est tenu (le narrateur commence son récit à l'âge de treize ans) jusqu'à sa mort.


C'est en se léchant les yeux qu'on suit le vieillissement du corps. Un peu comme si on nous racontait ce qui allait arriver au notre au fil du temps.


La sexualité vue sous l'aspect d'un corps humain, les différentes questions que l'on se pose quant aux paradoxes entre le physique et le mental. Ce corps de petit bourgeois égocentrique qui ne cesse de narrer tout ce qu'il a vécu à travers ce corps, grosse éponge de son propriétaire, des moments de bonheurs aux deuils à affronter...


Cherchez pas, c'est fou à quel point se manifestent les tiques et autres réflexes ; bâillements, doigts dans le nez, grattements, ... au moment même de la lecture ! Révolution !


La magie de la littérature les gars ! Tout ça raconté avec la plume d'un Pennac dont je pense écrire un jour l'hagiographie (ça veut dire la biographie des Saints, qu'on m'a dit un jour).


Le narrateur se défend d'écrire un journal intime mais il y flirte dangereusement. Il faut bien raconter sa vie pour en décrire les effets produits sur notre mécanisme. Ça ne gâche en rien l'histoire. Pari réussi, je dis oui ! mille fois plus un, oui à la question de savoir si ce bouquin vaut le détour.


Ça flanque un peu le bourdon, les questions de l'acceptation de la mort, tout ça. De voir sa carcasse vieillir alors que deux cent pages plus haut, le corps était frais et prêt à tout encaisser.


Voilà de quoi fermer la gueule à ceux qui déclarent que nous ne sommes égaux en rien. Nique ! Pennac donne une bonne leçon de vivre, de vie et de vieillir. L'égalité se fait dans le pourrissement de cette machine infernale !


PAN ! DANS LES DENTS

LouKnox
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le 3 juin 2020

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Lou Knox

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