Intéressant mais si lèger que les propos demeurent superficiels

Malgré mon penchant certain pour le lâcher de détails sur ma vie perso dans mes critiques, je ne crois pas un jour avoir précisé que plus jeune, j’avais commencé des études de Lettres modernes. Que je n’ai pas achevées. Pourquoi évoquer cela ici ? Car il me reste quelques traces de cette brève période. Déjà mon incapacité à lire sans analyser un minimum, même si c’est souvent avec maladresse. Et puis des centres d’intérêt. Ainsi, les mécanismes de la fiction m’ont toujours fascinée et j’ai pas mal d’ouvrages sur la question dans ma bibliothèque. Rajoutons aussi que je suis devenue féministe au fil des années – car oui, je ne l’étais pas avant, je restais aveugle à beaucoup de combats contemporains, je ne m’en excuserais pas d’ailleurs, mais je suis contente d’avoir changé mon regard sur la question-. Ainsi quand j’ai entendu parler de l’ouvrage Je suis une fille sans histoire, qui traitait justement de la place de la femme dans la fiction, tu imagines bien, ami-lecteur, que je ne pouvais pas m’abstenir de le lire…


Avant de commencer à palabrer sur ce que j’ai pensé sur l’ouvrage de madame Zeniter, il me faut donner quelques précisions. Je suis une fille sans histoire est d’abord un « seule-en-scène », présenté en octobre 2020 à la comédie de Valence. Pourquoi à tout prix le rappeler avant même de donner mon avis ? Parce que ça compte beaucoup. L’oralité est présente tout au long du texte, ainsi que l’humour, et on voit combien il s’agit d’accrocher un public. Ce qui n’est en rien problématique mais un lectorat et un public ne se séduisant pas tout à fait de la même manière, je pense important d’en avoir conscience quand on se plonge dans Je suis une fille sans histoire.


L’ouvrage est assez court, une centaine de pages, et plus qu’accessible : point besoin pour en profiter d’avoir des notions de sémiotique ou de stylistique. L’essai ouvre quelques portes ouvertes comme "toute mise en récit est, au moins en partie, de la fiction" et cela reste léger, très léger, avec une vulgarisation à l’extrême. Finalement la dimension orale de Je suis une fille sans histoire recèle en elle-même ses qualités et ses défauts. Qualités tout d’abord. Le texte d’Alice Zeniter est une très bonne entrée en matière dans les univers qu’il aborde, l’humour m’a fait sourire – ce qui pour moi est déjà très bien – et les exemples sont très vivants, très imagés. Défauts ensuite. La brièveté du texte ne permet qu’un survol de ce qu’elle avance et les notions abordées sont expliquées de manière assez superficielle, que ce soit le test de Bechdel ou le syndrome de la Schtroumpfette. Je crois qu’il faut prendre Je suis une fille sans histoire soit comme un moment sympa et léger soit comme une petite entrée en matière sur la place des femmes dans la fiction.


Restent deux passages qui m’ont particulièrement intéressée. Le premier part de la préhistoire pour montrer que les peintures rupestres étaient déjà une mise en récit car alors qu’entre 65 et 80 % de la nourriture provenaient de la cueillette c’est la chasse qui est représentée. Le second aborde la métalapse narrative, c’est à dire « toute intrusion du narrateur extradiégétique dans l’univers diégétique ou inversement » (Genette 1978, 244). Bref, quand les choses sont poreuses, par exemple dans une nouvelle de Cortázar, « Continuité des parcs », où un homme est assassiné par un personnage du roman qu’il lit.


Pour conclure, je dirais que Je suis une fille sans histoire est un bon texte, léger et amusant, qui permet d’aborder des notions complexes sans prise de tête mais qui, je dois bien l’avouer, m’a un peu laissée sur ma faim…

CulturoVoraces
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le 5 août 2021

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