Jamais plus
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Jamais plus

livre de Colleen Hoover (2016)

Une romance avec des défauts mais qui aborde avec intelligence un thème difficile

 Il est souvent de bon ton, et régulièrement à raison, de fustiger les réseaux sociaux… Ne soyons pas hypocrites ami-lecteur, comme toujours lorsqu’il est question d’être humain, et d’autant plus lorsqu’un anonymat relatif ressemble à un chèque en blanc, on rencontre toutes les palettes de ce que nous sommes. Y compris le pire… Pourtant, c’est aussi sur ces mêmes réseaux sociaux que de vraies communautés se créent. Parfois fermées, parfois nécessaires, parfois tolérantes, parfois nauséabondes. Parmi tous ces groupes virtuels, il y a le clan des lecteurs. Que ce soit sur Babelio, Instagram ou Tiktok, ça échange, débat, discute autour des bouquins. Et ça ami-lecteur, c’est chouette. Je me dis que si, ado, j’avais eu cette possibilité, je me serais sans doute sentie moins seule…
Pourquoi je parle de ça ? Car le roman qui nous intéresse aujourd’hui est un bouquin que j’ai « découvert » sur ces mêmes réseaux. Au départ rien ne me prédisposait particulièrement à me plonger dans la romance de Colleen Hoover. C’est rose, c’est fleuri, ça ne me faisait pas trop envie… Sauf que j’ai lu tellement d’avis qui expliquaient en quoi les thèmes abordés étaient importants, que j’ai fini par craquer et me procurer l’ouvrage…
Si tu as l’intention de lire *Jamais plus*, ami-lecteur, laisse-moi te donner un conseil : cesse donc la lecture de cet article et évite tout commentaire sur le bouquin. Du moins jusqu’à ce que tu aies terminé le roman. Promis, ça donnera une autre dimension au récit...
Tu es toujours là ? Bien… Alors allons-y et voyons ensemble si me laisser ainsi influencée par les réseaux sociaux était ou non une bonne idée…
Alors… Pour le coup *Jamais plus* casse quelques codes de la romance. Ici l’histoire ne tourne pas autour d’un couple qui devra se battre pour construire ou conserver leur relation. Ici, il s’agit de la trajectoire d’une femme. Une jeune femme qui, après une enfance difficile auprès d’un père violent avec son épouse, va découvrir à son tour comme il est compliqué de se sortir d’une relation avec un homme maltraitant.
Commençons par les défauts du roman de Colleen Hoover. L’histoire aurait mérité un pavé. Je veux dire un vrai gros pavé et pas les 500 pages qui le composent. Pourquoi ? Car l’histoire de Lily, l’héroïne, méritait plus de subtilité, plus de patience, plus de temps. À cause de cette économie de pages, certains éléments perdent toute crédibilité. Comme l’amitié soudaine et fulgurante entre Lily et Allysa qui deviennent meilleures amies en version « on couvre et hop deux minutes au micro-onde »… En essayant de nous parler de son héroïne de son enfance à la maturité, l’auteure survole de nombreux aspects qui auraient sans doute mérité plus de place…
Il n’y a pas que cet aspect qui pèse sur *Jamais plus*… Comme je le mentionnais plus haut, il s’agit, sur le papier, d’une romance alors que l’histoire ne tourne pas autour d’un seul couple. Les éléments plaidant qu’il s’agit bien d’une romance ? Les clichés. Du moins le côté rose-bonbon… Les trois personnages principaux de Jamais plus traînent tous des passés merdiques et des traumatismes… Pourtant ils sont parvenus à réussir brillamment professionnellement. Bon OK, je ne m’attendais pas à lire une chronique sociale mais un peu plus de réalisme n’aurait pas nuit à l’ensemble. Bref, malgré tout, on est bien dans le monde de la romance où un gamin négligé par ses parents, à la rue à 18 ans, peut devenir un restaurateur prospère. Tandis qu’un autre gosse, dont l’enfance a été marquée par une mort violente, devient neurochirurgien. Bon, bon, bon…
Malgré mes reproches, je dois avouer que j’ai aimé *Jamais plus*. Tout simplement parce qu’il aborde les violences conjugales avec une intelligence peu commune. Alors oui, il y a d’autres romances où l’héroïne a connu les coups d’un mari ou d’un petit ami mais c’est juste un « truc » pour donner de la consistance au personnage. Le plus souvent, on rencontre la jeune femme après cet épisode de sa vie ou pendant sa fuite. Ici, nous vivons toute la relation avec l’héroïne. Nous tombons sous le charme de Ryle en même temps que le personnage. Et en même temps qu’elle, nous sommes sonnés par le premier coup.
L’autrice a le talent de nous montrer comment Lily, une femme forte et intelligente, pardonnera à son petit ami. Avant qu’il ne recommence… Alors oui, ça va quand même trop vite et il y a pas mal de clichés dans Jamais plus mais le récit permet de mieux appréhender le problème des violences dans le couple.
Surtout, l’homme violent qu’est le personnage de Ryle n’est pas dépeint comme un monstre. C’est aussi ce que je reproche souvent dans les romances : les hommes violents / les violeurs / les alcooliques sont montrés comme des êtres égoïstes, sans cœur, monstrueux. Comme il est facile de dépeindre le monde en noir et blanc… C’est la raison de la bonne note de Jamais plus… L’auteure parvient, en nous offrant des personnages nuancés, à éviter les pièges d’un thème compliqué en romance, celui des violences conjugales…
CulturoVoraces
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le 17 févr. 2022

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