Alors avec la salade de fruit se pose toujours la même question. C'est bon, mais est-ce meilleur que chaque fruit dégusté pour lui-même, sans l'invasion de saveur perpétrée par le fruit voisin ou le jus commun? Sans doute n'y a-t-il pas besoin de trancher. On peut avoir envie de manger un fruit tout seul et parfois lui préférer une salade de fruits.
Il y a dans Il est avantageux d'avoir où aller - au passage, on peut difficilement ne pas être d'accord - un sentiment assez fort de déjà vu pour celui qui connaîtrait déjà bien l'oeuvre de Carrère, l'affaire Romand (l'Adversaire), Le Dernier des Possédés (Liminov), le Hongrois Perdu (Un Roman Russe), la Mort au Sri Lanka (D'autres Vies que la Miennes) et je ne parviens pas en toute bonne foi à déterminer si en ce sens il est à conseiller comme introduction à celui qui ne connaîtrait pas les romans précités ou au contraire à déconseiller pour le rediriger vers les oeuvres complètes.
Je ne peux parler que de mon point de vue et donc de ma relative déception à la lecture de certaines de ces chroniques dont j'avais déjà dévoré et adoré la version longue.
A l'inverse, ce recueil contient évidemment aussi des joyaux et des inédits (en tout cas pour moi), comme la Vie de Julie (remarquable et poignant), Lettre à Renaud Camus (juste, humain et courageux) et Capote, Romand et moi dans lequel on comprend à quel point le chef d'oeuvre du premier cité, De Sang-Froid, a constitué une source d'inspiration et de réflexion pour Carrère dans la préparation de l'Adversaire.
A l'inverse certaines chroniques n'avaient à mon sens pas leur place dans ce recueil et ont été vite lues et vite oubliées.
Et on en revient donc au limite de la salade de fruit et à la difficulté qui consiste à juger un ensemble reposant sur la cohabitation d'éléments aussi hétérogènes. A chacun, selon son degré de connaissance préalable de l'oeuvre de Carrère de décider pour lui, sachant qu'on reste tout de même en de très bonnes mains.
Bonne lecture.
Merci de m'avoir lue.
Amitiés,
Dustinette