Plongée dans le Harlem des années 60

Carney n'est pas un voyou, juste un peu filou. C'est comme ça que le personnage principal de Harlem Shuffle nous est introduit. Bien sûr il revend des choses "tombées du camion" mais guère plus que ça. Pourtant un jour son cousin Freddie l'implique dans un casse et le voilà plongé bien malgré lui dans les profondeurs d'un monde qu'il côtoyait jusque là en surface.

Colson Whitehead nous emmène dans le Harlem des années 60, en pleine ébullition, entre escrocs essayant de gagner leur vie tant bien que mal, politiciens véreux, policiers racistes et tensions de tous genre. Les personnages sont folkloriques, drôles, menaçants et inquiétants ; le ton est caustique, désabusé parfois et la toile de fond constituée de violence, de drogue et de ségrégation est bien présente. Peut-être pas assez ? En effet les émeutes mentionnées avec force sur la quatrième de couverture ne sont finalement qu'une maigre vision, lointaine, quasi fugitive qui passe bien plus qu'au second plan. Cela ne sert que très peu le récit et aurait peut-être gagné à être plus (ou mieux) exploité.

Il n'en reste pas moins que découvrir ce Harlem à la fois glauque et chamarré, tout le temps peint avec un contraste saisissant, rend la première partie du récit absolument délicieuse. Il faut dire que l'écriture rythmée, sèche de l'auteur rend la lecture dynamique, notamment grâce à ces petites phrases incisives pour caractériser un personnage ou une situation, ou ces petits apartés brefs mais pertinents pour rappeler un fait un peu plus ancien.

Cela est moins vrai concernant les deux autres parties qui souffrent un peu en comparaison d'un essoufflement puisque l'on connaît un peu mieux les enjeux, les personnages et que cela se renouvelle certes tant bien que mal mais logiquement avec moins de surprises. Il y aussi quelques situations moins crédibles comme la fin par exemple.

Harlem Shuffle n'en reste pas moins un récit haletant, peuplé de personnages hauts en couleur, qui sait captiver son lectorat. L'humour, le rythme, la précision de la phrase fait que l'on ne s'ennuie quasiment jamais.

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le 31 janv. 2023

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