C'est toujours difficile de juger un recueil de nouvelles car il est nécessaire de saisir un impact global.Sur Gens de Dublin ( quelques comédies humaines sur la capitale irlandaise)James Joyce ne se contente pas de décrire les différentes couches sociales de sa ville,il est aussi intéressé par leurs inclinaisons à l'insatisfaction,aux regrets mais aussi à leurs sursauts qui les font revenir à l'essentiel.Dans la nouvelle,Après la course,Joyce décrit les folles journées d'un fils de boucher dans un monde qui n'est pas le sien.Son enthousiasme tempère avec son bon sens de ne pas aller trop loin.Dans la pension de famille, l'écrivain s'attaque à une vision de mère irlandaise face à la liaison de sa fille avec un homme plus âgé qu'elle.Le regard n'est pas complaisant ni caricatural.Dans un cas douloureux,pas d'étude sociologique, juste la position d'un solitaire face à une rencontre gâchée.Beaucoup de Joyce dans ce récit flirtant entre l'illumination et le crépusculaire.Et puis,dans On se réunira le 6 Octobre,une description d'association politique aux petits fagots.Joyce réussit à nous parler des gesticulations de façades de militants jusqu'à ce que l'un d'entre eux lise le discours de Parnell (figure politique du 19 éme siècle).L'identité irlandaise,mettant tous d'accord ces flibustiers politiques.Le timing de Joyce est incroyable dans cette nouvelle comme son installation habile.Voilà donc 4 petits bijoux littéraires se détachant de l'ensemble des Gens de Dublin.Chaque lecteur pouvant ressentir une adhésion particulière à des nouvelles précises en fonction de leurs pouvoirs d'évocation ou de leurs contenus.Une expérience intéressante quand même de lire une des plumes les plus reconnues de la littérature irlandaise.