A voir l’angoissante couverture, on croirait à un récit d’horreur. Un squelettique chat noir, escaladant des portraits félins au regard inquiétant, sur fond d’un papier peint de manoir… Brrrr. Du Benjamin Lacombe pur jus. L’illustrateur était la semaine dernière la star du salon du livre jeunesse de Montreuil sur le thème d’Alice au pays des merveilles, signant à la fois les tableaux grand format de son exposition et une nouvelle édition de ce classique intemporel.
Mais à l’intérieur de ces très belles Facéties de chats, l’ambiance change du tout au tout dans les poèmes en vers qui accompagnent chacune des illustrations. «Ophélie était une chasseuse hors pair / Aucune proie ne pouvait lui échapper ! / Mais cet insecte-là bougeait comme l’éclair / Elle n’arrivait pas à l’attraper», lit-on face au sombre dessin d’une minette chassant un rayon laser sur le carrelage. Deux strophes plus tard, «La terrible chasseuse continue des heures / Sans jamais perdre de sa dextérité / Et finit par épuiser l’humour moqueur / De son maître conférencier.» D’orgueilleux quatrains en rimes croisées parsemés de langage familier : c’est une manière très chat de présenter les aventures triviales d’une pêche au poisson rouge, d’un matou griffeur de matelas ou d’un gros patapouf qui déborde de tous côtés de son panier préféré. Les textes sont toujours ponctués d’un twist humoristique, et les images splendides.