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Nous sommes tous des étoiles errantes.

Le Clézio est l’un des auteurs Français le plus traduit et lu à l’étranger. En ce qui me concerne c’est au détour d’un livre sur les mouvements littéraires du XXème et XXIème siècle que je le découvre. Né à nice en 1940, les thèmes qui lui sont chers et qu’il aborde régulièrement dans ses oeuvres lui vaudront en 2008 le fameux prix Nobel de littérature. Je me lance à l’assaut de cet auteur avec Etoile Errante; le titre est mystérieux et poétique et la quatrième de couverture racoleuse.


On y suit le parcours extraordinaire d’une jeune fille juive de treize ans, Esther Grève (dont le pseudonyme Francisé sous l’occupation est Hélène) au début de l’été 1943. Elle vit à Saint-Martin-Vésubie avec ses parents sous l’occupation Italienne. Mais les Italiens perdent la guerre et signent un armistice avec les Allemands qui vont occuper le reste de la France poussant notre héroïne à l’exile en Italie jusqu’à la fin de la guerre. En 1947 Esther et sa mère décident de rejoindre Israel. C’est aussi l’histoire, un peu plus secondaire de Nejma, une réfugiée Palestinienne qui croisera le chemin d’Ester lors de son exode.


On ne sait jamais dans quelle aventure on se lance en ouvrant un livre.


D’abord ce qui frappe quand on lit Le Clézio c’est la richesse de son style : très mouvementé, réaliste et délicat, l’auteur capte la réalité sous ses plus beaux aspects avec beaucoup de talent mais sans chercher à l’embellir. Style sombre parfois aussi avec quelques sursauts de violence. Une écriture poétique riche d’influences. Beaucoup d’analepses (« flashback ») la plupart émouvantes (comme celle de Mario) et de nombreuses anticipations qui elles malheureusement ont tendance à alourdir l’intrigue.
Un style enivrant mais qui frôle, parfois, l’écœurement et qui peut être rédhibitoire pour les lecteurs non aguerris.


Etoile errante n’est pas que l'histoire captée, comme simplement posée sur une feuille, de personnages telles qu’Esther et Nejma ou des figures iconiques telles que M. Ferne, Gaparini, ou Rachel (même si elle peut se lire en tant que telle).
C’est le destin de protagonistes qui se reflètent au notre, nous lecteur. L’enfance, empreinte de nostalgie, et le déracinement constamment renouvelé à sa terre par le voyage ou à ses proches par leur perte qui concourt à cette errance dans laquelle notre héroïne se perd tout au long de l’histoire. Esther c’est une jeune fille qui s’éveille au monde par les sens au travers de ses nombreuses pérégrinations sous l’occupation Italienne, et qui connait


à cause de la disparition de son père


une prise de conscience brutale d’elle même. (Le Clézio change a cette occasion de mode de narration et passe a la première personne). Dès lors cette jeune fille égarée dans une époque trouble, perd ses derniers repères et ne peut que se rattacher à la nature, que Le Clezio nous chante allègrement tout au long de son roman. D’ailleurs c’est le seul véritable point d’ancrage que la protagoniste aura au cours de l’histoire et ce malgré son rapprochement à la religion qu’elle voit comme un refuge mais qui ne demeurera pas véritablement d’avantage que des soulagements éphémères.


Etoile errante c’est l’histoire d’une fuite perpétuelle; quitter sa ville natale, quitter le continent, abandonner son passé, rejoindre Israel. Terre salvatrice qu’Esther ne voit pas comme un moyen d’oublier son passé; mais plutôt comme une renaissance, un nouveau départ, une nouvelle chance: « On peut vivre une nouvelle fois, on peut retrouver ce qui existait avant, l’odeur des blés dans la vallée, près de Saint-Martin, l’eau des ruisseaux quand la neige fond, le silence des après-midi, le ciel d’été, les sentiers qui s’enfoncent au milieu des herbes hautes, le bruit des torrents et la joue de Tristan sur ma poitrine. »


Etoile errante c’est ce livre qui vous pousse à une confrontation brutale avec vous-même et qui vous pousse à vous interroger sur  votre propre condition humaine.
Esther, Nejma, Tristan ou Rachel, c'est nous errants désespérément à la recherche d’une place dans ce monde, d’une identité. C'est dans cette dynamique que pour Le Clézio on se construit, à la recherche de soi, trouvent parfois des réponses et bien plus souvent de nouvelles questions comme si cette quête était vaine. Alors nous aussi nous errons. Dans une sorte de fuite en avant incessante. Ce livre porte en lui cette belle, nécessaire et intime réflexion.

Dirini_
8
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le 11 oct. 2016

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Dirini_

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