Les peuples plus éclairés apprendront peu à peu à regarder la guerre comme le fléau le plus funeste
"La perfectibilité de l'homme est réellement indéfinie. Sans doute, ses progrès pourront suivre une marche plus ou moins rapide, mais jamais elle ne sera rétrograde".
Voilà une phrase qui résume à elle seule toute l'essence de cet ouvrage.
Il est utile de préciser que Condorcet, grand ami de d'Alembert, a un parcours remarquable. Après avoir soutenu une thèse de mathématiques à seulement 15 ans, il entre à l'académie royale des sciences, puis est nommé inspecteur des monnaies, secrétaire de l'académie des sciences, et est élu à l'Académie française en 1782. Révolutionnaire acharné, il est un grand défenseur de la République, et c'est sans aucun doute de ces convictions que naît ce récit.
Embrassant l'histoire de l'Humanité d'un seul regard, il nous explique pourquoi la société s'est développée de telle manière, et pas autrement. On y apprend pourquoi les hommes sont devenus despotes, comment le pouvoir est devenu une arme, comment la science a été le moteur de l'évolution de l'homme. Entre crises et progrès, Condorcet porte un tout nouveau regard sur l'histoire, puisqu'il l'explique d'un point de vue philosophique, cherchant au coeur des hommes l'explication de leur comportement.
Mais le plus étonnant n'est pas cette nouvelle approche, ni les leçons qu'il faut en tirer. Ce qui marque le plus ne tient qu'en quelques pages: le dernier chapitre. "Des progrès futurs de l'esprit humain".
Si tout au long de son roman, Condorcet étudie l'histoire passée, il développe maintenant des théories sur l'histoire future. Des théories qui se sont vérifiées, et qui soulignent le génie du philosophe. Il prévoit tout les grands bouleversements du monde contemporain et son évolution:
- La décolonisation: "Alors les Européens respecteront cette indépendance, qu'ils ont jusqu'ici volée avec tant d'audace".
- La mondialisation: "Les progrès de l'industrie et l'activité du commerce [...] dont les trois conséquences principales seront l'inégalité de richesse, d'état et de subsistance entre les pays, permettra une communication pérenne entre les peuples".
- Le taylorisme, le travail à la chaîne, et l'évolution des industries: "Les instruments et les machines ajouteront de plus en plus à la force, et la perfection de l'homme et la précision des produits diminuera, et le temps, et le travail nécessaire pour les obtenir".
- Les progrès en matière de santé: "Les progrès de l'industrie et du bien-être provoquera l'accroissement dans le nombre d'individus [...] et l'augmentation du temps de vie".
- L'égalité des sexes: " [...] l'entière destruction des préjugés qui ont établi entre les deux sexes une inégalité de droits funeste".
- Et enfin "l'institution d'une langue universelle".
Brillant, non ?
Pour voir l'histoire d'un nouvel oeil et pour en comprendre les faits, je vous conseille Condorcet. Son génie saura vous éclairer sur les mystères de la société.
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