Dossier 64
7.5
Dossier 64

livre de Jussi Adler-Olsen (2010)

La fille qui rêvait d'un bidon de jusquiame et d'une boîte de thé

Je suis loin d'être un habitué des critiques, cependant je ne pouvais pas ne pas saisir l'occasion de me jeter à l'eau pour Dossier 64 tant je suis en désaccord avec toutes celles qui ont été écrites précédemment.

J'étais pourtant enthousiaste aux premières pages, poussé notamment par la grande popularité de l'auteur et du roman sur ce site, mais j'ai malheureusement très (très, très) vite décroché, ramant péniblement pour venir au bout de ces presque 600 pages (ouf).

J'ai lu dans plusieurs critiques que l'un des points forts était la personnalité des protagonistes. J'avoue que Dossier 64 est le premier roman que je lis de cet auteur et donc que je ne connais peut-être pas aussi bien nos trois enquêteurs que la plupart des lecteurs, mais leur banalité affligeante m'a paru au fil des pages un modèle du genre. Adler-Olsen ressasse tout au long du roman des schémas et des thèmes éculés au possible, ne dépassant pas le niveau d'un polar de gare faiblard, au milieu de réflexions du style "On ne devrait vraiment plus avoir de néo-nazis dans ce pays de nos jours"... Sérieusement ?

Par ailleurs j'ai toujours du mal avec ces romans qui n'arrivent pas à trouver leur créneau, ici entre le comique grotesque de la plupart des situations dans le sous-sol du commissariat (on a droit à des conversations sur la lunette des toilettes notamment qui feraient pâlir Audiard de jalousie), et la volonté d'un polar plutôt noir. Le mélange laisse souvent une impression de malaise, et dessert à la fois le côté comique qui arrive comme un cheveu sur la soupe et le côté polar qui perd en épaisseur. On peut prendre en exemple la façon dont nos fins limiers mènent leurs enquêtes, qui est un modèle de tout ce qu'il faut éviter, à montrer dans toutes les bonnes écoles de police. Ils passent de suspect en suspect sans aucun renseignement préalable, posent 9des questions au hasard, et tiens qu'avant de partir je te préviens que je vais interroger ton complice probable, histoire que tu aies le temps de le prévenir de notre arrivée.

Côté invraisemblances, Dossier 64 n'est pas en reste. En voici un petit florilège, bien entendu non exhaustif :

```- "Patron, après 20s de recherche dans la chambre en bordel de Tage j'ai trouvé une lettre d'une certaine Nete, ça ne vous rappelle pas le nom qu'a cité de manière totalement hors contexte l'ex-femme de Norvig ? Voilà une bonne piste !" (je me plains, mais s'il avait fallu 50 pages de plus pour la trouver, cette piste, ça aurait été bien pire).

  • Pour attirer Wad, Nete décide de lui promettre dix millions de couronnes. Il a foutu l'intégralité de sa vie en l'air et il le sait, mais c'est sûr, il ne va pas se méfier, du tout.
  • Quand Nete planifie ses rendez-vous de la journée, elle dit prendre bien soin de ne pas mettre l'un après l'autre des gens qui se connaissent. Cela ne l'empêche pas de faire suivre Norvig et Wad, qui ont travaillé ensemble pendant des années, elle le sait pour les avoir cotoyés ensemble.
  • Après leur accident de voiture avec le poids-lourd, première réaction du témoin : "Menfin, ma haie !". Du sang-froid, le gars.
  • Sonderskov trahit Wad, probalement pour lui l'homme dont il a le plus à craindre, mais lui envoie quand même une photo de ses vacances pour le provoquer. Il ne pouvait pas s'en empêcher, le petit rigolo !
  • Wad et ses hommes parviennent miraculeusement à se débarasser d'Assad, mais ont la bonne idée de le laisser évanoui dans leur coffre-fort le plus sécurisé. Normal qu'ils y passent à la fin, la sélection naturelle il y a quand même un moment où elle te rattrape.
  • Le mot de passe de ce fameux coffre-fort inviolable, trouvé en trente secondes par une Rose décidément très perspicace. Comme par hasard c'est le nom de famille du personnage principal du roman. Les choses sont quand même bien faites.
  • Curt Wad reconnaît dans un cadavre vieux de vingt ans les traits d'une femme qu'il a croisée un soir deux décennies auparavant, après qu'il l'aie également perdue de vue pendant des années. Physionomiste le type, pas étonnant que la notion de race supérieure lui plaise pas mal.
    ```

On passera sur les dialogues souvent lunaires (j'admets que la traduction y est peut-être pour quelque chose, et qu'à la décharge du traducteur elle ne doit pas être évidente) et le twist final ridicule qui n'apporte absolument rien.

J'avoue quand même que j'y suis peut-être allé un peu fort et que Dossier 64 ne mérite probablement pas une si faible note, mais Adler-Olsen paie pour tous les autres auteurs scandinaves (Mankell, Indridason, Jonasson...) qui m'ont donné l'espoir d'être des équivalents de l'immense Stieg Larsson et de ses Millénium, espoir malheureusement toujours déçu. Mais ce dernier faisant vivre, je cherche toujours !

thomas59
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le 4 mars 2020

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thomas59

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