Bon voilà l'histoire. J'erre dans les rayons de la FNAC, j'ai envie de science-fiction. Je tombe sur Dominium Mundi. Le résumé de quatrième de couv' me chauffe, je trouve le livre joli, je prend... Puis je le laisse prendre la poussière dans PAL. Mais j'y repense souvent malgré que je m'oriente vers d'autres lectures.


Trois ans plus tard je me jette à l'eau après avoir checké les retours de lecteurs. Ils sont globalement dithyrambiques. Ça me fait un peu peur et en même temps ça me hype. Voilà c'est lu et j'ai mis la note la plus basse. Vous aurez compris que je suis tombé de haut. En fait je suis à la fois dans l'incompréhension et dans la colère. Ce que je ne comprends pas, c'est comment un torchon pareil a pu trouver un éditeur sérieux et comment est-il possible que les gens sortent émerveillés de cette lecture ? Je crois que je n'ai rien lu d'aussi pénible depuis Atlas Shrugged.


Dominium Mundi est à la fois un récit de Space opéra et une dystopie. Donc l'un des principaux intérêts du bousin, c'est le monde construit et imaginé par son auteur, contre quel modèle de société il nous met en garde, tout ça, tout ça. En lisant la quatrième de couverture, je me suis dit : Ok, original, un Empire chrétien qui renait sur Terre après une espèce de catastrophe nucléaire. Mélanger SF et ce genre de société archaïque, sur le papier ça pouvait être pas mal si c'est bien fait. Sauf que non. Le retour à une société féodale sous la coupe d'un pape, ça ne fonctionne pas sous la plume d'un Baranger. En fait, pendant ma lecture, je n'ai pas arrêté de me demander à quel point cet empire était permissif ou despotique. Nous sommes donc dans une dictature religieuse mais certains personnages peuvent parfois transgresser des interdits dans les paroles et dans les actes. Parfois ça les met en danger, parfois non.


La plupart des personnages sont sous-exploités au profit de quelques uns mais tous ont en commun d'être inintéressants. C'est le récit le plus manichéen que j'ai lu depuis longtemps. Il y a les gentils, ils sont gentils et braves et lorsqu'ils font des conneries c'est dû à leur bravoure et leur courage. Les méchants sont méchants tout le temps. Ils complotent, ils trichent et sont sanguinaires. D'ailleurs l'auteur a essayé de complexifier son récit en introduisant plusieurs factions entre templiers, chrétiens modérés et plus ultra, mais c'est nul. Le peu que c'est exploité, c'est fait de manière grotesque et manichéenne.

Comment tu veux que je crois à tes personnages, que je m'attache à eux, s'ils n'ont pas l'air de vrais gens avec un peu d’ambiguïté morale ? Vraiment, c'est du vu et revu. Tous les personnages de ce récit sont des espèces de stéréotypes déjà mille fois croisés dans d'autres récits. Forcément dès les premières pages, je savais comment ils allaient évoluer. Qui peut s'assoir à ma table et me dire :" J'ai été surpris qu'Alberic Villejust devienne un des leaders de la résistance" ? Ou encore que lui et Tancrède allaient devenir copains. Hé oui, c'est les gentil quoi.


J'en viens au problème majeur du roman selon moi. C'est l'écriture. Parce que des romans de merdes, avec des personnages de merde, une intrigue de merde, il y en a pleins qui se finissent dans les rayons d'une librairie. Ce que je ne comprend pas, c'est comment un truc aussi mal écrit a pu trouver un éditeur. C'est vraiment catastrophique. Je n'arrive pas à me souvenir d'un livre lu, plus mal écrit que ça. En fait, j'ai vraiment le sentiment d'un ado de quinze piges en classe qui préfère écrire une histoire pendant les cours au lieu d'écouter le prof. Parce que c'est horriblement scolaire. Ça se voit que c'est le premier roman de quelqu'un qui n'a pas l'habitude d'écrire des histoires. C'est pas grave en soi, ce qui est grave, c'est qu'il ait trouvé un éditeur et qu'il ait eu autant de succès. Dès les premières pages on se rend compte qu'on a affaire à un style très lourd, bavard, qui a besoin de tout expliciter, de prendre son lecteur par la main pour lui faire comprendre des trucs qu'il avait déjà capté. Le pire ce sont les dialogues qui sont au mieux complètement plat, au pire ridicules. C'est dramatique parce que ça accentue encore plus le fait que je ne crois pas à ces personnages.

Ça faisait un moment que je n'avais pas failli arrêter une lecture avant la fin. J'ai vraiment hésité, arrivé à la page 400, comprenant que ça ne deviendrait jamais bien. Mais j'ai tenu bon et c'est un exploit. Parce que ça fait quand même 700 pages au format poche et qu'en plus cette histoire à de gros gros problèmes de rythmes. Le début de l'histoire raconte l'embarquement sur le vaisseau St-Michel et ça dure 140 pages. Et sur les 700 pages, il ne se passe quasiment rien d'intéressant. Dans l'absolu, je peux aimer des histoires contemplatives, où il n'y a pas trop de péripéties. Mais quand on a un univers pauvre, des personnages inintéressants et une plume catastrophique, ça devient compliqué.


Au départ, je m'étais dit que quoi qu'il arrive je me farcirai la seconde partie. En fait, non. De ce que j'ai compris, le tome 2 fait 100 pages de plus et j'ai trop de respect pour mon temps de vie pour le gâcher et m'infliger ça. Ça sera sans moi.


Vraiment je suis en colère. C'est pas bien ce qu'on fait à la SF. J'ai dit au début que lorsque j'ai lu les critiques dithyrambiques, j'ai eu un peu peur. J'avais flairé le truc. Parce que je suis quasiment systématiquement déçu des œuvres de littérature SF qui sont mises en avant et perçues comme des classiques du genre. Ne nous méprenons pas, je met Dominium Mundi vraiment dans les plus hautes sphères de ce qui se fait de pire et je ne ferais pas l'injure de mettre d'autres classiques dans le même panier. Mais globalement, ce qu'on nous vends en SF, dans le sous-genre de la dystopie (c'est ce que je connais le mieux) bin, littérairement parlant ça va jamais bien loin. Je vais me faire beaucoup d'ennemis mais 1984, le meilleur des mondes, c'est très bien dans le sens où ça fait son taff de dystopie. C'est intelligent dans ce que ça dénonce. Mais c'est pas dans ces récits, encore une fois qu'on va trouver une plume formidable, des personnages qui ont beaucoup d'épaisseur et sont intéressants. Et c'est ça qui me met en colère. J'adore la SF, je trouve que c'est un genre littéraire qui a tellement de potentiel pour faire de belles histoires et faire passer pleins de choses mais ça manque quasiment tout le temps d'ambition en terme d'émotion esthétique par rapport à d'autres genres littéraires. Je suis tombé sur une exception il y a quelques années : Terra Ignota, que je recommande chaleureusement.


La SF vaut mieux que tout ce qu'on nous sert.

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le 3 avr. 2024

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