Si j'étais le héros d'un roman de Véronique Ovaldé intitulé "Des vies d'oiseaux", je serais riche, beau et sans conversation ou bien pauvre, boiteux ou très maigre mais avec une profondeur de regard et d'âme comme vous n'en rencontrez pas tous les jours.
Si ma femme était une héroïne du même roman, elle serait blonde, très blonde, d'une grande beauté, riche et elle s'ennuierait énormément malgré sa fortune, sa belle maison avec piscine. Elle passerait toute la journée à observer l'océan par la fenêtre de sa cuisine, elle se regarderait vieillir et attendrait que les événements viennent à elle.
Si ma fille était une adolescente du même roman, elle serait blonde, très blonde et aussi belle que sa mère mais aurait une meilleure amie moche, pauvre et qui serait emportée par le cancer. Elle se révolterait en fuguant avec un jardinier louche et lui consacrerait sa vie sans rien dire, folle éperdue d'amour.
Mais la vie de ma famille n'est pas une vie d'oiseaux comme chez Véronique Ovaldé et c'est tant mieux! Nous habitons un monde réel, avec de vrais gens, des voisins, des événements petits ou grands, des petits problèmes matériels et pas forcément avec vue sur mer.
Ce monde éthéré, décrit dans ce roman, est peut être ce qui fait sa grande particularité et je reconnaîs la grande habilité de l'écrivain à inventer un univers original. Tout est calme, sans grande passion, tout en retenue bien que l'on sente qu'un danger flotte au lointain. Et quand on s'approche de ce danger, on l'affronte, stoïque, presque avec le sourire aux lèvres comme si tout cela n'avait guère d'importance.
Pour moi, c'est la grande limite de ce roman. Je ne suis pas réellement rentré dedans, tout y est si léger. J'ai eu l'impression que le pays imaginé par Véronique Ovaldé, n'était habité que par les personnages du livre, errant dans des villes dépourvues de vie, d'habitants. Leurs petits problèmes ne m'ont nullement ému mais j'ai poursuivi ma lecture jusqu'au bout, sûrement emporté par la délicatesse du propos.
J'ai bien senti que l'auteur jouait à contre-courant de l'époque, refusant toute surenchère, toute hystérie voulant entraîner son lecteur dans un monde de douceur et de subtilité.
Mais, hélas pour moi, je n'ai pas marché comme je n'ai pas compris la dernière phrase prononcée par le nouvel amour de l'héroïne en fin de livre :"Si tu voulais des garanties, ma douce, il fallait acheter un toaster", phrase suivie par ceci : "alors elle se laissera aller à son inclination, elle s'amollira dans ses bras et goûtera ce moment".
Je n'ai pas vraiment goûté ce roman mais peut être parce que j'ai un toaster...
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pilyen
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le 31 déc. 2011

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pilyen

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