De ce que je lis, "visionnaire" est le terme qui revient le plus souvent parmi les critiques positives. C'était aussi celui que j'avais en tête en terminant ce livre et j'ai pas exactement l'inspiration pour en trouver un autre, donc je garde.


De la démocratie en Amérique est ce genre d'ouvrage classique dès sa publication et qui le reste encore aujourd'hui dans la quasi-totalité des champs des sciences sociales. Tocqueville l'écrit alors que les aristocraties européennes s'effondrent et que ce qui va bientôt les remplacer est pas encore tout à fait clair. La démocratisation des sociétés lui paraît inéluctable et il se retrouve donc à explorer pendant un an la seule grande nation démocratique : les tous nouveaux États-Unis d'Amérique.


Comme dit, surtout aujourd'hui, c'est l'aspect visionnaire du livre qui frappe, quelques exemples pour ceux qui ne voudraient pas directement les découvrir :

Les derniers mots du Premier Tome, 1835 : "Il y a aujourd’hui sur la terre deux grands peuples qui, partis de points différents, semblent s’avancer vers le même but : ce sont les Russes et les Anglo-Américains. [...] Leur point de départ est différent, leurs voies sont diverses ; néanmoins, chacun d’eux semble appelé par un dessein secret de la Providence à tenir un jour dans ses mains les destinées de la moitié du monde."

Mention spéciale aux deux-trois chapitres du Tome 2 (1840!) qui prédisent avec une précocité incroyable la constitution de ce que Tocqueville appelle "l'aristocratie industrielle" et de la relation tout à fait nouvelle qu'elle est en train d'entretenir avec les prolétaires, 10 ans avant le Manifeste du PC et pas loin de 30 avant la publication du Capital.


J'ai peu d’autres choses à dire.

Je garde le sentiment que c'est un incontournable pour qui voudrait se constituer une pensée politique cohérente. Je me permets d'être si direct parce que De la démocratie en Amérique est vraiment pas une sorte de manifeste de la pensée libérale qu'on adopte ou rejette absolument, une prophétie sur le sens du monde qu'on ne peut qu'embrasser ou détester. Non, je pense que n'importe quel courant politique ou philosophique peut lire Tocqueville sans avoir à renier ses opinions profondes, en fait on en ressort simplement avec l'impression d'avoir discuté un temps avec un inconnu qui aurait beaucoup voyagé et serait particulièrement vif d'esprit.


Enfin et surtout, vous aurez désormais le pouvoir de faire jouir n'importe quel libéral que vous pourriez croiser (les stylés du XIXe , pas Macron)

antoniuslanus
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le 2 oct. 2023

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antoniuslanus

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