Cosmos
Cosmos

livre de Ann Druyan ()

Un peu de VIE sur un point bleu pâle perdu dans un immense univers…

Noël 2020, mon Grand ado de Petit-Fils – qui, bientôt, va quitter l’adolescence dans un enchevêtrement de BAC réformé, de Covid meurtrier et de confinements alternatifs – a tenu à renverser les rôles en faisant un cadeau à son grand-père. Juste retour des choses, puisque pendant des lustres je lui ai vanté les beautés et les mystères du ciel et de l’espace, et, connaissant ma passion pour les étoiles, tout naturellement, son choix de tout premier cadeau s’est porté sur un livre qui semble parler du COSMOS, d’après le titre. Mais il n’en est pas trop certain et « s’il ne convient pas tu peux le changer ! » me dit-il, un peu inquiet…
Alors, de quoi s’agit-il ?
J’ai dû faire quelques recherches pour y voir clair (je crois) :
Une série télévisée américaine de vulgarisation scientifique (Cosmos : A Personal Voyage), en treize épisodes d'une heure, est présentée en 1980 par l'astronome américain Carl Sagan, et créée par Carl Sagan, Ann Druyan et Steven Soter. En France, cette série a été diffusée sur Antenne 2.
Conjointement et en complément à la série, Carl Sagan rédige un livre (Cosmos), dont les 13 chapitres correspondent aux 13 épisodes de la série.
Carl Edward Sagan est né à Brooklyn (New York) en 1934, il a obtenu une maîtrise universitaire ès sciences (1955) et un doctorat (1960), de l’Université de Chicago. Il est cosmologiste, astrophysicien, romancier, planétologue, space scientist, vulgarisateur scientifique, écrivain scientifique, astronome, professeur d'université, physicien…
On peut supposer que tout se passe pour le mieux lors de la réalisation de la série télévisée car il épouse sa réalisatrice Ann Druyan en 1981, qui restera sa compagne jusqu’à son décès en 1996.
Ann Druyan est née dans le Queens (New York) en 1949. Elle est journaliste, écrivaine, conférencière, réalisatrice et productrice, dernière épouse et veuve de l'astronome et écrivain Carl Sagan.
Une deuxième série télévisée de 13 épisodes « Cosmos : Une odyssée à travers l'univers » animée par Neil deGrasse Tyson produite par Seth MacFarlane et Ann Druyan, est diffusée en 2014.
Enfin, depuis mars 2020, une troisième série « Cosmos : Nouveaux Mondes » animée par l'astrophysicien Neil deGrasse Tyson est réalisée et produite par Ann Druyan et Brannon Braga.
Le présent ouvrage (signé par Ann Druyan) – en 13 chapitres – reprend l’essentiel du contenu de cette dernière série télévisée.
Ce livre est un formidable hymne à la science et à l’humanité, teinté d’un extraordinaire optimisme en l’avenir en opposition avec la tendance actuelle. En prologue, cette citation de Carl Sagan :
« J’étais enfant en une période pleine d’espoir. J’ai voulu devenir scientifique dès mes premiers jours d’école. L’évidence s’est imposée la première fois que j’ai compris que les étoiles étaient de puissants soleils, la première fois que j’ai réalisé à quelle distance incroyable elles devaient se trouver pour n’être que de petits points lumineux dans le ciel. […] J’étais captivé par la splendeur de l’Univers, fasciné par la possibilité de comprendre le véritable fonctionnement des choses, … »
C’est cette pensée qui ne cesse d’animer les séries « Cosmos » et l’auteure de ce livre, qui confie : « Je ne suis pas une scientifique, juste une chasseuse-cueilleuse d’histoires. Celles que je chéris le plus ce sont celles des chercheurs qui nous ont aidés à trouver notre voie dans le grand océan des ténèbres et qui nous ont légués des îlots de lumières. »
Nous allons accompagner Ann dans sa cueillette d’histoires en n’en retenant que quelques-unes qui m’ont paru particulièrement représentatives de l’Histoire de l’humanité de son génie ou de sa folie…


On aimerait bien aller voir de près ce qui se passe chez nos plus proches voisins, mais les méthodes de propulsion conventionnelles limitent l'exploration des étoiles voisines car la durée du voyage serait au minimum de plusieurs dizaines de milliers d'années. Alors on a imaginé le projet Breakthrough Starshot qui prévoit d’envoyer un millier de nanovaisseaux ultralégers vers Proxima du Centaure, le système stellaire le plus proche (4 années-lumière), à la vitesse sympathique de 160 millions de km/h ! Comment ? À la voile ! En effet, chaque sonde sera minuscule (masse : 1 g) mais dotée d’une voile de 4 m². Une fois larguées du vaisseau de lancement, dans le vide sidéral, et les voiles déployées, de puissants lasers terrestres vont éclairer les voiles leur communicant une vitesse voisine de 20 % de la vitesse de la lumière. Ce qui réduira la durée du voyage à 20 ans (quand-même !). Il faudra, ensuite, attendre 4 ans pour recevoir les résultats des observations effectuées par les sondes… 20 ans pour rendre visite à nos plus proches voisins ! Mieux vaut ne pas oublier le sel…


De tous temps les hommes se sont inventés des dieux pour leur dicter des règles de vie. Il y a environ 4 000 ans le prophète Zarathoustra dont le dieu Ahura Mazda, demandait aux humains de faire de bonnes actions, avait un jumeau malfaisant nommé Angra Mainyu, « N’importe quelle personne pouvait, par ses actions, faire pencher la balance du futur de l’univers vers le bien ou le mal. […] Le zoroastrisme a été la religion dominante depuis la Grèce jusqu’à l’Inde pendant un millénaire ; il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il ait tant influencé les religions apparues après lui. » Ainsi, en 273 av. J.C., un guerrier hindou du nom Ashoka fait preuve de cruautés atroces devenues un trait essentiel de son empire. Jusqu’à la conquête meurtrière de Kalinga qu’il assiégea pendant un an avant de percer les remparts et de ravager la ville faisant 100 000 morts et 150 000 déportés. Mais, devant le champ de bataille couvert de morts et un homme en haillons portant dans ses bras un bébé lui disant : « Ô puissant roi, toi qui es si puissant que tu peux faucher des centaines de milliers de vies quand il t’en prend l’envie, montre-moi ta véritable puissance : rends une vie, une seule ; rends la vie à cet enfant mort. » Ashoka a regardé le petit corps et toute la joie de son triomphe l’a soudain quitté. Désormais il adopta les principes non-violents du bouddhisme. Dès lors l'empire n'est plus troublé par la guerre. Il interdit les sacrifices, promeut le végétarisme et encourage la diffusion du bouddhisme en Inde et dans toute l'Asie. À méditer.


Il y a 4,5 milliards d’années le Soleil apparait, les planètes se forment dans les 3 à 400 millions années suivantes et la vie sur Terre apparait 400 millions d’années plus tard dans les abysses lors de la rencontre de l’eau alcaline prisonnière des roches et l’eau acide de l’océan. « Un milliard d’années après cette première étincelle la vie est devenu un phénomène mondial grâce à un champion qui n’a jamais été vaincu, la cyanobactérie. » Vielles de 3 milliards d’années, les cyanobactéries sont chez elles partout : eau douce, eau salée, sources thermales, mines de sel, n’importe quel environnement leur convient, captant le gaz carbonique de l’atmosphère et libérant l’oxygène, faisant passer le ciel du jaune au bleu, ouvrant la voie à d’autres formes de vie aérobie. Que nous réserve les profondeurs abyssales des océans d’Encelade, ce satellite naturel de Saturne, dix fois plus profonds que ceux de la Terre, nous y verrions peut-être des molécules de carbone et d’hydrogène, signe prometteur pour l’émergence de la vie.
« Les galaxies fabriquent les étoiles, les étoiles fabriquent les mondes, et les planètes et les lunes fabriquent peut-être de la vie. La vie en est-elle moins extraordinaire pour autant ? Ou, au contraire, plus encore ? »


Les scénaristes d’Hollywood savent exactement ce que nous ferons si nous découvrons une vie intelligente extraterrestre… Mais sommes-nous assez intelligents pour comprendre qu’ils le sont (Intelligents) ? Sommes-nous capables de reconnaître l’intelligence d’êtres vivants, TRÈS différents de nous, que nous avons tous les jours sous les yeux, et que nous refusons de reconnaître ainsi, parce que cela heurte nos habitudes de penser ? « Nous avons été longtemps incapables de voir les mondes secrets des arbres […] Quand les haches abattent un arbre dans la forêt, ses frères lui viennent en aide grâce à leurs pointes racinaires et lui envoient de quoi survivre : de l’eau, des sucres et d’autres nutriments. Le tout grâce au mycélium. Cette perfusion peut garder une souche en vie pendant des décennies, voire des siècles […] Qui sommes-nous pour chercher une intelligence extraterrestre alors que nous ne sommes pas capables de reconnaître ou de respecter la conscience tout autour de nous ou sous nos pieds ? »
À ce sujet, je recommande l’excellent ouvrage de Stefano Mancuso et Alessandra Viola, L’intelligence des plantes (2018). https://www.senscritique.com/livre/L_intelligence_des_plantes/critique/198781164


Une sonde, de 6 tonnes, qui portait le nom de Cassini-Huygens a été lancée de Cap Canaveral en octobre 1997 à destination de Saturne. Elle transportait 35 kg de plutonium-238 de quoi lui permettre de fonctionner 20 ans. Mais c’est la gravité qui l’a propulsée vers le Système solaire externe : grâce à un homme dont l’histoire a oublié les deux noms. Alexandre Chargueï est né en 1897 en Ukraine. Il imagine un moyen d’atteindre la Lune : une fusée qui reste en orbite autour de la Lune, un atterrisseur qui se pose sur le sol lunaire pour effectuer les observations puis rejoint la fusée pour le retour sur Terre… un visionnaire ! À l’issue de la grande guerre il rejoint l’armée contre-révolutionnaire et est contraint de se cacher. Il réapparait quelques années plus tard sous le nom de Iouri Kondratiouk auteur du livre La conquête des espace interplanétaires dans lequel, outre son système d’alunissage, il développe le moyen de voyager de monde en monde, d’étoile en étoile, en utilisant l’assistance gravitationnelle comme tremplin. Depuis son lancement en 1997 et durant tout son voyage vers Saturne, la sonde Cassini-Huygens a utilisé l’assistance gravitationnelle (la sonde spatiale a recours à quatre reprises à l'assistance gravitationnelle des planètes – Terre, Vénus à deux reprises et Jupiter – pour obtenir une vitesse suffisante pour atteindre Saturne). Le 1er juillet 2004 Huygens a quitté le vaisseau-mère pour affronter l’atmosphère de Titan, un satellite de Saturne et Cassini a poursuivi sa mission autour de Saturne (découvre une dizaine de lunes, prouve l’existence d’eau liquide sur Encelade, cartographie les champs magnétique et gravitationnel de Saturne...). En 2017, le carburant étant presque épuisé, il était temps de transmettre l’ordre du suicide de Cassini en la précipitant dans l’atmosphère de Saturne qui allait la transformer en une pluie de météorites « Les ingénieurs qui l’avaient conçue pour la protéger dans n’importe quelle situation allaient maintenant la mettre à mort... »


Où l’on entre dans l’intimité de la lumière avec des photons qui se baladent, qui se faufilent dans des fentes pour former des moirages, ou pas. Ou là où on s’attend à voir des franges on a des amas, où l’auteure, elle-même nous dit « Je ne peux pas vous expliquer pourquoi les choses se passent ainsi parce que personne sur Terre ne l’a encore compris. » (Ça me rassure !) Alors, pour garder le mystère, on vous chante une "messe en latin" car dans « l’univers quantique, la simple observation modifie la réalité. » Bien, mais ça n’explique pas pourquoi les photons se comportent comme des particules quand on les observe et comme des ondes quand on ne les observe pas ! Et pire – ce qu’Einstein craignait, le pauvre – comment un même photon peut-il exister dans deux endroits à la fois !!! (Ce n’est pas moi qui vais vous l’expliquer !)


En cette fin du XIX° siècle, c’est à Paris, dans le laboratoire d’une certaine Marie Curie qu’avec son mari Pierre, ils ont travaillé dans des conditions difficiles pour extraire la pechblende (composée de 50 à 80 % d’uranium) pour isoler le radium et découvrir la radioactivité. « Pierre et elle ont calculé que l’énergie qui s’écoulait spontanément d’un morceau de radium était largement supérieure à celle qu’on aurait obtenue en brûlant la même quantité de charbon. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la radioactivité était un million de fois plus puissante que l’énergie chimique. »
Un demi-siècle plus tard les avions militaires américains larguaient, les 6 et 9 août 1945, sur Hiroshima et Nagasaki, une bombe atomique. Le nombre de décès imputés aux bombardements avait atteint, en 1950, respectivement 200 000 et 140 000 personnes. En 1955, Albert Einstein signait ce manifeste, écrit par Bertrand Russell (1872-1970. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique) : « Allons-nous […] choisir la mort parce que nous ne voulons pas oublier nos querelles ? Nous en appelons, en tant qu’êtres humains, aux êtres humains : souvenez-vous de votre humanité, et oubliez le reste. »


Saviez-vous que la "zone habitable de notre Soleil" se déplace vers l’extérieur de notre système solaire à raison de 90 centimètres par ans ? Notre temps dans cette zone est déjà écoulé à 70 %, mais pas d’affolements, il nous reste encore quelques centaines de millions d’années pour disparaitre ou élaborer une stratégie ! Un physicien mathématicien mexicain, Miguel Alcubierre, a mis au point les calculs relatifs à un vaisseau qui pourrait, théoriquement, se déplacer plus rapidement que la lumière ! ! ! Accrochez-vous. Dans sa conception, ce n’est pas le vaisseau qui se déplace, c’est le cosmos !... D’après les spécialistes il semblerait que ce ne soit pas utopique, le vaisseau, enfermé dans une bulle spatio-temporelle n’aurait pas besoin de violer la moindre loi physique. Mais l’énorme besoin énergétique le maintien, actuellement au-delà de nos capacités. Le vaisseau à propulsion d’Alcubierre est une sorte de machine à onde gravitationnelle qui comprime l’océan spatio-temporel devant elle et le dilate derrière elle. Il parcourt des millions de milliards de kilomètres en un clin d’œil… Les passagers n’ont pas le temps de s’ennuyer qu’ils sont déjà arrivés dans le système planétaire d’une étoile lointaine… Qui sait si un jour ce ne sera pas dans nos possibilités ?


Non, ne cherchez pas le coup de gueule « On est en train de scier la branche sur laquelle on est assis ! » Nous nous acharnons à détruire notre planète, mais certaines autruches prétendent encore que ce n’est pas scientifiquement prouvé. Je ne veux pas gâcher les espoirs des optimistes inconditionnels. Je leur laisse la place.


« Carl Sagan nous a rappelé que notre monde n’était qu’un point bleu pâle dans un immense univers aux possibilités infinies. C’est ce monde précieux que dévoile cet ouvrage, un monde habité par une forme de vie qui commence tout juste à découvrir les autres consciences présentes sur sa planète, alors qu’elle s’aventure dans le vaste océan de l’espace. »


Quand on a dépassé deux fois l’âge canonique et qu’inexorablement la fin approche, ce qui devient véritablement urgent – et vain – c’est de comprendre. Comme un dernier sursaut, un dernier défi. Comment l’univers s’est-il créé ? Comment la vie est-elle apparue ?
Comment se fait-il que des êtres conscients et instruits sont plus convaincus par des mythes que pas des explications scientifiquement établies ? Je suppose que la question est mal posée et qu’il faut utiliser l’adverbe "Pourquoi ?" et non "Comment ?" et la réponse devient vite plus "rassurante", pour beaucoup…

Ce livre fait partie de ceux qui apportent à chacun quelques éléments de réponses.


Je remercie mon petit-fils de m’avoir donné l’occasion de lire ce livre (que je vais m’empresser de lui donner à lire !).

Philou33
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le 27 janv. 2021

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