L'éthique confucianiste ne permet pas l'esprit du capitalisme

Lorsqu'on mentionne Max Weber, les livres qui viennent à l'esprit spontanément sont l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Économie et société ou encore le Savant et le politique.

Mais il a complété cette œuvre par trois ouvrages dédiés à la religion, portant respectivement sur le judaïsme antique, le bouddhisme et l'hindouisme, et le confucianisme et le taoisme.

L'idée de Weber dans ce dernier est de reprendre la reflexion engagée dans l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme: comment expliquer que le capitalisme n'ait pas pu émerger en Chine au XVIIIe et XIXe siècle, alors que des conditions matérielles n'y faisaient pas obstacles ?

Pour élucider cette question Max Weber passe en revue le système économique et notamment monétaire chinois, les grandes données sociologiques et notamment les évolutions démographiques, le cadre juridique ou encore les structures socioprofessionnelles ou familiales de la Chine pour en arriver à la conclusion que c'est bien l'éthique confucianiste qui aurait empêché cette émergence.


Celle ci aurait, selon Weber, été l'apanage de Lettrés à la formation agnostique, respectueuse des traditions et des rites, exclusivement littéraire-reposant sur les Classiques chinois appris par cœur, s'intéressant peu aux mathématiques et développant des connaissances limitée par ces thèmes de prédilection, utilisés dans des compositions et préoccupée par une lutte d'influence contre un peuple maintenu dans l'ignorance volontairement d'une part et contre le pouvoir des eunnuques à la Cour. Cette élite des Lettrés n'aurait en outre pas eu la possibilité de se consacrer à des fiefs comme les Feodaux, ni eu intérêt à trop renforcer un État dont les faibles connaissances, notamment sur sa base imposable, faisait une partie de sa fortune.

En outre, assise sur une conception de la vie vertueuse comme schéma explicatif des dérèglements du monde, elle aurait favorisé d'une part les repentance publiques et la police des mœurs pour remédier aux catastrophes naturelles et d'autre part favorisé le maintien d'heterodoxies comme le taoisme (ou le bouddhisme dans une moindre mesure) pour leur superstitions canalisant les foules, mais contribuant du fait de l'essor de rituels et de croyances superstitieuses à enrayer l'essor de l'Empire.


Globalement l'ouvrage n'est pas inintéressant mais je le déconseillerais en première lecture pour découvrir le taoisme et le confucianisme. Pour la profondeur historique ou l'exactitude sociologique je ne saurais me prononcer, mais en tout état de cause, l'ouvrage a un siècle et semble pour le coup plutôt daté, même s'il se lit assez facilement malgré ses quelques 350 pages.


Lestrade
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le 17 févr. 2024

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