On ne présente plus Frédéric Beigbeder. Trublion du PAF et du monde de l'édition. Romancier reconnu au style inimitable. Il revient cette année après son roman qui n'avait pour titre que ce smiley  ! J'avais compris de ce roman qu'il y donnait l'avis du mâle blanc cis hétérosexuel dans les années 2020, alors que le monde en pleine mutation, désignait cette figure comme l'ennemi à abattre. 

Je le remercie maintenant de me donner raison en 2023, et de s'exprimer de façon totalement explicite à ce sujet, et ainsi de s'attirer les foudres de la bien pensance dans la presse. Il a su parfaitement comment me faire acheter son nouveau livre.

Dans Confessions d'un hétérosexuel légèrement dépassé, il n'y a même plus le prétexte d'une vengeance contre les journalistes de France Inter. Beigbeder n'utilise pas son avatar d'Oscar Parango. Il se livre ici, à coeur ouvert. Le mot qui importe vraiment dans le titre de cet ouvrage, c'est bien la confession. Dans les pas de Saint-Augustin et de Rousseau. Bien entendu, ce livre sera moins important dans l'histoire de la littérature, mais cependant, il dit quelque chose de très vrai de notre époque.

Le premier chapitre s'ouvre par ce qui sera perçu comme une provocation par la gauche woke féministe quand l'auteur se prévaut immédiatement du statut de victime. En effet, suite à son soutien d'une pétition s'opposant à la pénalisation des clients des prostituées, ce dernier a vu sa maison vandalisée. Sur les stigmates laissés sur sa maison, on l'assimilait à un violeur. Expérience assez déplaisante, surtout lorsqu'on habite avec des enfants en bas âge. Et notamment une fille. Ou encore, sa rencontre avec un prêtre abusif dans son enfance.

Car oui, on peut être un homme blanc hétérosexuel, mais aussi un père de famille aimant. Blanc hétérosexuel et victime. Suite à cela, l'auteur se confie également sur la découverte de son diabète et des adaptations dans son alimentation qui en ont résulté. Son nouvel arrêt de la cocaïne. Dans cette première partie, l'auteur narre simplement ses péripéties, sans plus d'élément esthétique. Avant de retrouver le style quelque peu décalé, drôle, ridicule et particulièrement simple qui ne manque jamais de faire rire par la suite. Notamment lorsque l'auteur évoque sa quête de spiritualité dans un monastère, où il compare le dress code des moines à celui du Nikki Beach de Saint-Tropez. Mais en dehors de cet humour basé sur le décalage, son exploration de ses racines chrétiennes devient un récit intéressant. Car oui, aller vers ses origines est bien vu, lorsqu'il s'agit d'origines françaises et de tradition chrétienne. Pourtant, ici, Beigbeder tente simplement de renouer avec ses traditions familiales et son éducation. La spiritualité, sous prétexte qu'elle soit chrétienne, ne mérite pas d'être stigmatisée. L'auteur expose aussi une autre type de retraite, à l'armée cette fois-ci, pour la partie la plus drôle du livre. Mais on se demande si celle-ci est totalement véridique.

Enfin, la partie la plus intéressante est celle où il confesse son obsession des femmes. Sa manière de fantasmer continuellement d'évaluer chaque femme qu'il croise. De déplorer son désir encombrant, envahissant, duquel il ne peut se détacher. Et exposer son fatalisme sur la nature de l'homme, qui bien que civilisé, ne peut s'empêcher de désirer ardemment. Mais ce qu'il souligne surtout, c'est la domestication de ce désir. Les fantasmes ne sont pas répréhensibles. Les opinions ne le sont pas plus. Seuls les actes qui constituent des infractions le sont. Et la morale de la confession de Beigbeder, c'est que en dépit de son désir obsessionnel pour les femmes, chaque jour, c'est son épouse qu'il choisit. Un homme, ça se retient de faire. Mais ça ne se retient absolument pas de penser, de réfléchir et surtout, de désirer. Dans ce petit livre qui fait œuvre de confession, on trouve un personnage touchant, parfois un peu ridicule et pathétique, mais toujours intéressant. Et en plus, ça se lit très vite. De quoi me donner envie de lire ses autres livres !

Andika
7
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le 27 mai 2023

Critique lue 140 fois

Andika

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