Chien
6.9
Chien

livre de Samuel Benchetrit (2015)

Une farce cruellement drôle

Vous me voyez surpris de ne trouver aucune critique sur ce livre ici-présent. Pourtant, il y a une forte question à se poser: comment Benchetrit, qui est un artiste que je respecte beaucoup (en un seul titre: J'AI TOUJOURS RÊVÉ D’ÊTRE UN GANGSTER), va réussi à adapter ce livre sur grand écran ? Certes, on n'est jamais mieux servi que par soi-même, c'est pas moi le papa, mais comment va-t-il faire ?
Car "Chien" s'inscrit dans la grande lignée du surréalisme comique, mêlé au burlesque dramatique. Je le vois en trois grandes parties.
La première est à la fois très noire et très drôle. Benchetrit utilise de très courtes phrases, pour de très courtes idées, pour illustrer le vide émotionnel d'un personnage dont on ne retiendra même pas le nom. Et pourtant, il est chacun de nous. Il en profite pour viser pas mal de monde: les femmes qui prennent tout à leurs anciens compagnons, les enfants qui se sentent obligés de payer pour avoir des amis, les maitres d'hôtel mécaniques, les jeunes connards prétentieux qui déboulent avec un informatique sans âme, les commerçants qui vendent de la merde à des clients innocents... Il l'a écrit quand il n'était pas en pleine forme, et ça se ressent. Mais c'est ma partie préféré, à la fois très émouvante et cyniquement drôle (il attend toujours un mot gentil de la part de son fils ou de sa femme... et il se prend toujours une claque émotionnelle). Alors, le personnage, pourtant typiquement sans personnalité (Je n'ai jamais rien choisi...), devient attachant et identifiable.
La deuxième partie est une grosse baisse de rythme. Il devient chien, précisément celui de Max, homme violent très porté sur le dressage. Il découvre qu'il est bien mieux dans cette peau-là, se développe pour créer sa propre race, et ainsi trompe tout le monde, y compris lui-même. Devenir enfin quelqu'un d'autre, sans être de ces humains qui le dégoute. Il se découvre un ami, Paco, et une "copine" Linda. Ils s'échappent... Benchetrit se concentre cette fois sur la description des évènements. Mais toujours avec de très courtes phrases. Ce qui fait un rendu un peu bizarre... On ralentis la vitesse de la lecture du coup.
La troisième partie, c'est le carnage. Chien est séparé de ses deux amis et adoptés par... son fils, enfin celui de quand il était enfant. Quelle idée de génie ! Ainsi, on découvre le vrai visage du beau-père (qui, il me semble, est un portrait déformé de Bertrand Cantat, du moins de la façon dont il le perçoit) et un fiston enfin "humain". Il confie à son chien que son vrai père lui manque. Une nouvelle vie s'offre, entre Chien et Humain. Ce qui, au fond, est un plaidoyer comique sur les droits de vie des chiens. On me suis toujours ?
ce livre est donc une farce. Mais une grande farce. Un portrait de l'Homme qui était encore inédit. Et qui a du chien, bien entendu.

Billy98
8
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le 27 avr. 2017

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Billy98

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