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Les Chandler se suivent et se ressemblent. Charades pour écroulés ne déroge pas à la règle, et si ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle, ce n'en est pas une bien bonne non plus.
Lire Raymond Chandler, c'est rêver pendant un instant de l'Ouest américain et du Pacifique, c'est traîner sa mélancolie et son cynisme en haut d'une falaise au soleil couchant pour jeter un œil désabusé sur l'océan et savourer un instant le ressac et les embruns, avant de retourner à la jungle californienne, l'espace caverneux et sale de ses bars, à sa faune éclectique de nantis désespérés, de loubards sans foi ni loi, de petites gens insignifiantes écrasés par tout ce beau monde comme autant d'insectes. Il y a toujours, aussi, ces femmes au bord de l'abîme, autant gazelles que lionnes, qui errent telles des âmes en peine. Du whisky, aussi, à foison, comme l'un des rares moyens de tenir le coup, oasis ou mirage, selon. Tous les ingrédients de la bonne popote à l'ami Raymond sont donc réunis, comme de coutume, et si la recette fait toujours son effet, il n'y a rien ici pour distinguer ce plat d'un autre que nous aurait déjà servi notre cuistot en chef.
Toujours cette qualité d'écriture, cette atmosphère à la fois glauque et mélancolique, cette délicate noirceur, une capacité à construire et agencer son récit de façon cohérente malgré un scénario fragile, des dialogues brillamment ciselés ; pourtant, le plat commence à paraître fade, et l'auteur lui-même semble avoir perdu un peu de sa verve. Marlowe, malgré ses tentatives pour paraître toujours aussi cynique et caustique, à l'air las, plus qu'à l'habitude, au bout du rouleau. Seule la fin lui redonnera un brin de couleur bienvenue. Quant à l'intrigue, elle retombe comme un soufflé, de sorte qu'on n'y croit guère, ne poursuivant la lecture que par goût du dépaysement et du bon mot.
Charade pour écroulé est somme toute un bon livre, un merveilleux passe-temps, qu'on lit avec paresse, dont on se délecte surtout par confort de l'habitude. Rien de plus. C'est un peu comme retourner à cette gargotte qu'on aime bien parce que l'ambiance est plaisante et qu'on connaît le patron. Mais parfois, ce n'est pas mal d'ajouter quelques épices dans la soupe.
Elivath
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Créée

le 21 nov. 2014

Modifiée

le 21 nov. 2014

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Mojo Saurus

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