Il m’a paru évident de dédier ma première critique à Stephen King, mon roi (oui, je vous l’accorde, elle était facile…) du fantastique et de l’épouvante. Ces derniers temps, j’ai été happée par Ça, il s’est donc imposé à moi comme sujet de critique. Si vous êtes coulrophobes et masochistes, ce livre est fait pour vous, plongez-y et laissez votre esprit effrayé s’y abandonner.


SK est un maître dans l’art de dépeindre l’horreur et de vous la faire vivre entièrement, ce n’est plus à débattre. Il arrive tout aussi bien à insinuer dans notre esprit des scènes merveilleuses, tellement chimériques, fantasmagoriques que nous arrivons pourtant à visualiser sans difficulté, c’est ce que l’on appelle du génie, non ?
Mais, avec Ça, King nous prouve qu’il sait tout aussi bien donner vie à la terreur qu’aux émotions, à l’inconscient. En effet, il maîtrise la psychologie de ses personnages, de son œuvre à la perfection. Ça n’est donc pas seulement un récit d’angoisse envahit de scènes horrifiques tellement réalistes que les images qu’elles décrivent, se gravent, s’impriment dans notre esprit. Ce récit est aussi une réflexion sur les peurs que nous osons plus ou moins nous avouer et sur la manière dont celle-ci peuvent prendre possession de nos vies et le contrôle de notre cerveau nous transformant ainsi en véritable pantin aveuglé.
Mais aussi sur l’enfance et le passage à l’âge adulte et notamment sur la manière dont des peurs enfantines irréalistes : loup-garou, momie, oiseau géant, lépreux… (excepté pour quelques enfants qui ont déjà des peurs tangibles et concrètes : père violent…) et pourtant tétanisantes se transforment, à l’âge adulte, en peurs plus spirituelles et philosophiques, le plus souvent : mort, solitude…
Par ailleurs, il nous incite à réfléchir sur notre part de responsabilité quant à l’emprise que ces peurs ont sur notre être. En effet, c’est notre foi, notre croyance en notre peur qui la nourrit et intensifie sa puissance, semble nous dire King. Et pour la combattre quoi de mieux que de croire aussi fort en soi qu’en sa peur et la terrasser avec ses propres armes.


Grâce à King, nous apprécions de découvrir ces enfants et nous nous attachons à ces Etres courageux. Ces gamins : Bill, Ben, Beverly, Stan, Eddy, Mike et Richie semblent tous avoir quelque chose de fabuleux en eux. Ils font preuve d’un sens du devoir sans faille et d’abnégation envers la ville de Derry pour laquelle ils s’engagent avec héroïsme dans cette lutte. Mais qu’est-ce qui peut bien les pousser à se lancer dans une telle bataille, une bataille contre le mal et leurs peurs les plus viscérales ? La vengeance, pour le Grand Bill, le leader de cette charmante bande, et les autres se laissent guider par leur chef et leur admiration, leur amour pour lui. Car oui, ces enfants sont débordants d’amour les uns pour les autres. Un amour incommensurable qui les entraîne donc à combattre tous ensemble, à partager leurs peurs, leur intimité, à se protéger mutuellement…
Ils sont, malgré tout, considérés comme des losers par une bande de petits malfrats dérangés. Et Stephen King nous montre que malgré ce harcèlement et ces attaques qu’ils subissent au quotidien, ils se relèvent à chaque fois et deviennent des adultes qui peuvent être fiers de leur réussite. En effet, tout n’est pas immuable et nous sommes seuls maîtres à bord de notre vie et nous décidons du chemin qu’elle doit prendre quoiqu’en disent les autres et quoique notre passé ou notre enfance semblent avoir comme empire sur elle. King nous dépeint un parallèle entre l’enfance et l’état adulte dans sa construction du récit et paraît nous souffler à l’oreille que l’on ne devient peut-être jamais totalement adulte et qu’une empreinte de notre enfance reste ancrée en nous et se lit dans nos yeux. Comme si on ne pouvait jamais complètement se délester du poids du passé, même lorsque le déni et l’occultation nous tendent les bras. Encore une fois, il ne tient qu’à nous, semble-t-il nous dire d’utiliser l’argile du passé pour modeler notre futur, mais il n’est pas toujours simple d’affronter son passé pour mieux défier le futur, n’est-ce pas Stan ? Malheureusement, nous n’avons pas tous la même force mentale pour combattre les rudesses de la vie, nous rappelle-t-il, et celles-ci peuvent malmener la barrière plutôt ténue entre un esprit sain et aliéné.


Merci Mr. King pour ce récit fascinant, envoûtant dont je me suis délectée avec jouissance.

Alexa-Lou
10
Écrit par

Créée

le 23 août 2018

Critique lue 523 fois

1 j'aime

Alexa-Lou

Écrit par

Critique lue 523 fois

1

Du même critique

Nevada
Alexa-Lou
7

Qui de l'homme ou de la bête...

La lumière diminue pour disparaître de la salle obscure, les chuchotements meurent... Ca y est, ça commence. L'écran noir s'illumine de phrases soulignant que les grands espaces de l'Ouest américain...

le 3 juil. 2019

1 j'aime

2

Ça, tome 3 (édition originale)
Alexa-Lou
10

It-inéraire de la peur...

Il m’a paru évident de dédier ma première critique à Stephen King, mon roi (oui, je vous l’accorde, elle était facile…) du fantastique et de l’épouvante. Ces derniers temps, j’ai été happée par Ça,...

le 23 août 2018

1 j'aime