Ben-Hur
7.3
Ben-Hur

livre de Lew Wallace (1880)

Je m’étais fait depuis belle lurette la promesse de lire ce classique (euphémisme) inspiré par l’Antiquité. Un roman de littérature historique édifiante acquittant davantage son tribut aux pères de l’Église qu’à l’histoire antique, taillé pour Hollywood qui n’a pas manqué de l’adapter à plusieurs reprises, la moins connue des transpositions au cinéma n’étant pas celle de William Wyler en 1959, avec Charlton Heston dans le rôle titre. C’est désormais chose faite.


Rien n’est moins romanesque que la vie de son auteur Lewis Wallace. Né dans l’Indiana, le bonhomme a exercé plusieurs professions avant de rejoindre l’armée de l’Union pendant la guerre civile où il a combattu pour défendre Washington. Il embrasse ensuite la carrière politique, devenant notamment gouverneur du Nouveau-Mexique. C’est à cette occasion qu’il négocie l’amnistie sans lendemain de Billy the Kid. Passionné par la littérature et l’Histoire, il écrit plusieurs romans historiques, en particulier Ben-Hur qui devient un best-seller au point de surpasser le plus grand succès de l’époque : La Case de l’oncle Tom de Harriet Beetcher Stowe. Il est enfin nommé ambassadeur dans l’Empire ottoman, fonction qui lui permettra de visiter Jérusalem et ses environs.


Inutile de résumer l’intrigue du roman. Qui ne connaît pas l’histoire de Judah Ben-Hur, déclinée ad nauseam sur le grand écran ? Héritier d’une riche famille de l’aristocratie israélite, il est trahi par son ami d’enfance, l’ambitieux Messala, mais grâce à sa détermination et à la pureté de sa foi, il obtient finalement justice, amour et la promesse de la vie éternelle prêchée par Jésus de Nazareth. On se contentera surtout de pointer les quelques différences entre le film et le roman dont la moindre n’est pas le sur-texte religieux imprégnant chaque page. Certes, le fait n’était pas absent du péplum, mais ici l’histoire de Ben-Hur s’efface à plusieurs reprises derrière la geste hagiographique. Cela commence d’ailleurs en beauté avec le récit de la Nativité qui voit Jésus naître dans une étable, entouré de la ferveur prophétique des rois mages guidés par la lueur d’une étoile postée au firmament. Ouch ! Un vrai livre d’images pieuses pour catéchumènes frénétiques, reprenant sans aucun recul critique le récit des Évangiles et de ses laudateurs, miracles y compris.


En bons contemporains de la vie du Christ, Ben-Hur et sa famille sont ainsi amenés à croiser à plusieurs reprises le messie, le personnage ayant une influence non négligeable sur leur destin. Par charité, il donne à boire à Ben-Hur lors de son exil aux galères. Il guérit miraculeusement sa mère et sa sœur de la lèpre qui les défigure (beaucoup plus fortement que dans le film, bien sage sur ce point), inspire le prince israélite lorsque celui-ci rassemble une armée pour rejeter les Romains hors de Judée et finalement le pousse à la conversion au moment de sa crucifixion. Seule la résurrection échappe à la plume de Lewis Wallace, mais pour le reste, on ne s’écarte pas du credo de la religion chrétienne.


Bien documenté sur le contexte géopolitique de l’époque, Ben-Hur n’usurpe donc pas sa réputation de roman d’aventures et de classique, mêlant les morceaux de bravoure, batailles navales et courses de chars, aux descriptions d’un Orient imaginaire. Mais, un classique dont le prosélytisme, empreint de théâtralité et d’emphase, se révèle à la longue un tantinet saoulant, surtout lorsqu’il est porté par une nation se considérant également élue et supérieure aux autres. Qui a dit que l’Histoire ne se répétait pas ?


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le 11 juin 2020

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