"Comme il me reste des pages avant la fin, alors voilà, les schizos sont bien meilleurs que nous par
Cela commence comme du bon - du très bon – cyberpunk. Un mercenaire épuisé par une dernière cause échouée se retrouve engagé pour rappatrier une nébuleuse jeune femme. Ajoutons dans le lot des militaires corrompus, des mafieux russes et une secte d'illuminés et on a un petit cocktail détonant et propice à faire une bonne histoire bien obscure... d'autant que le style de l'auteur s'y prête : ce que son monde perd beaucoup en crédibilité par certains aspects, il le gagne en densité et cette densité s'épaissit à mesure que le climax s'approche, les évènements s'enchaînent et finalement, le final survient, apocalyptique... à la moitié du roman. Et là, vous ne comprenez pas, je ne comprends pas, l'auteur non plus, il reste trois cent pages avant la fin du roman. Remarquez, pas la fin du récit, puisque le récit, lui, a déjà connu sa conclusion plus ou moins.
Alors oui, Dantec a un style très particulier, appréciable. Il aime la matière dont il est question, apprécie de la manipuler et vend des idées aussi originales que délirantes, démontrant que la technologie, poussée dans ses retranchements les plus étranges, peut relever effectivement de la magie la plus surprenante. Et il y tient, à ce leitmotiv qui s'étire sur les dernières centaines de pages avec une certaine douleur pour le lecteur tant, libéré du récit qu'il se proposait de raconter, Dantec commence à s'observer consciensieusement le nombril en expliquant – dont acte, forcément, on est dans son livre – l'évolution de ses idées et leurs applications stricto sensu dans l'espace du récit. Merci de la démonstration, mais outre le fait qu'elle se révèle souvent imbitable, elle demeure en prime d'une grande prétention et s'étire longuement. Toorop fume des joints avec des chamanes des temps modernes, hoche régulièrement la tête, se sent changé.
Et moi, je retourne à Gibson et son vaudou qui a le bon goût de ne pas envahir l'intrigue.