Dans son autobiographie (http://www.senscritique.com/livre/Le_fils_du_chiffonnier/critique/29319327), Kirk Douglas ne manquait pas de préciser à quel point Otto Preminger était un réalisateur doué mais détestable, presque un salaud. Il n'en fallait pas davantage pour me donner envie de me pencher sur ce cinéaste méconnu, pourtant auteur de chefs-d'oeuvre du cinéma hollywoodien et qui, comme tout bon exilé aux USA, a eu une vie incroyable.

De sa jeunesse autrichienne, de sa difficulté d'être juif à une époque antisémite et de sa combativité pour imposer ses idées aux studios, Preminger nous abreuve dans sa courte autobiographie de moments où il apparaît dominant, combattant farouche de la liberté artistique et digne représentant de l'ART, théâtral ou cinématographique. Le jugement de Douglas devient alors limpide : Preminger est un lutteur, un guerrier qui s'est imposé une discipline de fer et n'en attendait pas moins de ses collaborateurs. Il en avait de l'humour, l'Otto, mais pas celui auquel les américains sont habotués, quelque chose de plus froid, de plus germanique. Si Preminger s'attarde sur certains films phare de sa filmographie (Laura, Carmen Jones, Exodus), je regrette toutefois qu'il parle davantage de ses rencontres et de sa vie privée plutôt que de son métier de metteur en scène. De ses techniques de création, de sa direction d'acteur, nous ne saurons presque rien, et c'est dommage vu le génie du gaillard.

Le livre reste toutefois fort appréciable et décrit, avec une certaine justesse, les relations entre un producteur et un réalisateur se voulant indépendant dans le système hollywoodien classique. Rien que pour ça, ça valait le coup.
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le 30 juil. 2014

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