"Mourir le dernier, se disait Albert, c'est comme mourir le premier, rien de plus con"

Je fais parti de ces personnes qui ont découvert Au revoir là-haut en 2017, par le cinéma. Ce film m'avait fasciné par son propos et sa fraîcheur. La narration d'une grande fresque familiale, avec en toile de fond la fin de la Grande Guerre, et cela en utilisant un ton léger, drôle et touchant ; j'en suis sorti immédiatement convaincu. J'en ai tellement fait la promotion, qu’au boulot on a fini par m'offrir l'ouvrage de Pierre Lemaître (et même sa suite, Couleur de l'incendie, que je viens de commencer).


Petit point de rappel (ou de mise en bouche) sur la trame de départ. Nous sommes en 1918, en plein cœur des tranchées françaises. La guerre est presque finie, les soldats sont fatigués mais ils sentent que le conflit touche à sa fin. Cela irrite profondément le lieutenant Pradelle, qui compte sur un dernier assaut pour connaître une ascension sociale tant espérée. Deux soldats, Edouard Péricourt, fils d'un patron à la tête d'un empire financier, et Albert, petit comptable au destin modeste, n'auraient eu que peu de chance de croiser leurs routes en dehors de cette guerre. Et pourtant ces derniers jours du conflit vont unir leur avenir de façon inattendue. Le retour à la vie civile s'annonce terrible et étonnant pour chacun d'entre eux.


Je dois avouer que j'ai ressenti une certaine appréhension à entamer ce bouquin de plus de 600 pages avec ce gros bandeau rouge "Prix Goncourt". J'avais peur d'être déçu de mon ressenti visuel, ou bien d'éprouver un certain ennui face à une redite de l'histoire.


Et pourtant, ce fut tout le contraire. Le ton léger, accessible, décalé et le travail documenté de Pierre Lemaître m'ont à nouveau transporté. Plongé dans l'intimité des personnages, dans l'enfer du retour à la réalité de ces jeunes soldats, dans les magouilles politico-économiques, le livre est un support autonome du film. Certes, l'histoire présente la même trame, mais l'adaptation cinématographique propose une version bien différente, notamment sur le destin des protagonistes. L'auteur a le temps d'approfondir les sentiments, le vécu, les déchirures des personnalités. J'ai pris plaisir à mieux découvrir certains personnages secondaires comme le maire, Dupré et surtout le fonctionnaire atypique, Joseph Merlin. Le livre se lit d'une traite. Et le suivant aussi d'ailleurs.

Perceval78
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Livres, Les meilleurs livres de 2013 et Mes lectures 2018

Créée

le 28 févr. 2018

Critique lue 251 fois

1 j'aime

Perceval78

Écrit par

Critique lue 251 fois

1

D'autres avis sur Au revoir là-haut

Au revoir là-haut
nm-reader
9

Les héros sont bien plus utiles quand ils se taisent

"Le pays tout entier était saisi d'une fureur commémorative en faveur des morts, proportionnelle à sa répulsion vis-à-vis des survivants." Cette courte phrase, située en milieu de récit, résume on ne...

le 14 déc. 2013

28 j'aime

Au revoir là-haut
Olivier_Paturau
4

Critique de Au revoir là-haut par Olivier Paturaud

Au revoir là-haut prend le parti de faire le récit d'un pan mal connu de l'histoire de la Grande Guerre : comment les démobilisés auraient été abandonnés par l'Etat au lendemain de l'armistice ...

le 13 nov. 2013

18 j'aime

8

Au revoir là-haut
PierreAmo
10

Paroles de Poilus qui se rebiffent (lu grâce au projet d'adaptation par Albert Dupontel)

(Remarques écrites en 2016 juste après sa lecture émouvante, corrigées en 2020). La litanie de noms et références n'est pas de moi, ce n'est pas mon name-dropping: ils ont été cités de manières très...

le 16 janv. 2016

17 j'aime

3

Du même critique

Cure
Perceval78
8

"J'ai pas compris les codes même s'ils m'impressionnent"

Quelle découverte ! Tranquillement installé devant mon poste de télévision, je regarde Quotidien, le programme que je juge le plus intéressant en ce début de soirée. Après être revenu avec humour...

le 6 mars 2018

17 j'aime

1

Touche pas à mon poste
Perceval78
2

"La télé c'est que d'la télé"

... certes. Mais ce n'est pas une excuse pour diffuser n'importe quoi ! Sentiment étrange en pensant à cette émission que je regardais régulièrement, il y a quelques années de cela. A la base, la...

le 8 mars 2018

9 j'aime

3

Symphonie no. 9
Perceval78
9

"Tous les hommes deviennent frères, là où plane ton aile si douce "

Grandiose et Universelle ! Voilà les mots qui me viennent en tête lorsque j'écoute cette symphonie. Je dois avouer que je n'y connaissais (presque) rien en Grande Musique et oser l'aborder m'a...

le 2 mars 2018

4 j'aime

1