Benjamin Malaussène est un personnage récurrent des romans de Pennac. Il endosse un rôle patriarcal dans son étrange famille, veillant sur ses frères et sœurs cadets. Leur mère a l'habitude de s'amouracher du premier venu et de disparaître sans explications. Il raconte au plus petit des histoires d'ogres de Noël, et voue à sa sœur Clara, un amour plus que fraternel. L'aînée, après lui, Louna, a le don de se mette dans des situations amoureuses inextricables, cette fois-ci elle est enceinte d'un médecin qui est sur le point de la quitter.Et enfin Thérèse, fillette calme, aux aspirations extra-lucides. Comme si cela ne suffisait pas, pour nourrir tout ce beau monde, Malaussène a un emploi plus que singulier ; il est bouc émissaire dans un grand magasin. Quand un client vient se plaindre d'un produit, il vient essuyer les remontrances du patron devant le client effaré, qui finalement, le prend en pitié et oublie ses griefs. Ainsi, il n'y a plus besoin de contrôle technique ce qui fait faire de sacrées économies à la firme. Comme si sa vie n'était pas encore assez compliqué, à l'approche de Noël, une bombe éclate dans le magasin, juste sous ses yeux. Le seul mort est un client qui s'est fait lui même sauter. On se dépêche de nettoyer les dégâts, pour rouvrir le magasin au plus vite. Mais, deux semaines après, un nouvel attentat à lieu, juste quand il faisait connaissance d'une jolie jeune femme, qu'il présentera à sa famille comme "Tante Julia". La police commence alors à avoir de sérieux soupçons, comment se fait-il qu'à chaque explosion, c'est toujours le même employé qui est le premier sur les lieux. De plus, son statut spécial lui donne un mobile de choix pour saccager le magasin. Aidé de Théo, son ami et collègue aux mœurs marginales, et de son nouvel amour, Benjamin va devoir lui-même tirer cette histoire au clair. Sont-ce de simples coïncidences ou un véritable complot.

Après Le roi des Aulnes, je reste dans la thématique des ogres, qui fascinent et effrayent les petits enfants.

Ce roman malgré sa trame de polar, nous donne plus qu'une simple enquête à résoudre, le personnage principal est très attachant, et unique en son genre. Parfois malsain, mais toujours là pour sa petite famille, il tente tant bien que mal de vivre une existence normale.

L'utilisation de parenthèses pour figurer les pensées de Malaussène, sont souvent piquantes, on a aucun mal à s'identifier à lui. Les autres protagonistes sont eux aussi hauts en couleur, même le chien donne du fil à retordre au pauvre héros.

L'humour est omniprésent, même dans les situations de crise, Pennac manie sa plume en saltimbanque, changeant de registres de langue pour chaque milieu social et parsemant son texte de clins d'œil destinés au lecteur.

On retrouve un Paris dont l'atmosphère devient palpable, grâce aux excellentes descriptions de l'auteur, mêlant charme architectural et difficultés typiques de la capitale.
On peut noter une certaine satyre sociale, sans pour autant en faire un livre à portée politique, Pennac restant relativement optimiste quant aux travers de l'humanité.

Un roman plein de fraîcheur, qui donne envie de découvrir les autres aventures de Malaussène et de sa petite famille. A conseiller à tout le monde, amateurs de polars ou non, petits et grands, chacun y trouvera son compte.
Diothyme
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Polars, Littérature française, Adaptations cinématographiques et Ma bibliothèque

Créée

le 17 déc. 2011

Critique lue 2.4K fois

11 j'aime

3 commentaires

Diothyme

Écrit par

Critique lue 2.4K fois

11
3

D'autres avis sur Au bonheur des ogres

Au bonheur des ogres
Diothyme
8

Cocktail Malakoff

Benjamin Malaussène est un personnage récurrent des romans de Pennac. Il endosse un rôle patriarcal dans son étrange famille, veillant sur ses frères et sœurs cadets. Leur mère a l'habitude de...

le 17 déc. 2011

11 j'aime

3

Au bonheur des ogres
Pakale
9

Avant, je ne savais pas ce que lire voulait dire.

Et là, c'est le drame. J'ai 11 ans, et j'ai lu 15 fois toutes les bd dispo à la maison. Les quelques livres abordables pour mon âge aussi. De toutes façons je commençais à m'y ennuyer... D'où le...

le 30 déc. 2014

7 j'aime

Au bonheur des ogres
dindon
9

Critique de Au bonheur des ogres par dindon

Au bonheur des ogres est le premier tome de l'extraordinaire saga Malaussène. Pennac est un de ces merveilleux écrivains à pouvoir écrire un livre dans lequel les enfants comme les adultes peuvent...

le 20 nov. 2010

7 j'aime

Du même critique

Demande à la poussière
Diothyme
9

Critique de Demande à la poussière par Diothyme

Arturo Bandini est jeune écrivain en devenir de 20 ans, tout récemment émigré à Los Angeles pour faire carrière. Il vivote grâce à une nouvelle parue dans un magazine : Le Petit Chien Qui Riait, dont...

le 21 févr. 2011

57 j'aime

16

Le Livre de l'intranquillité
Diothyme
8

Frag[île]ment

Je ne sais si j'ai aimé ou détesté Pessoa. Je reprends donc le clavier pour essayer d'y voir un peu plus clair. Je n'ai rien à lui reprocher, ni sur le fond, ni sur la forme. C'est un écrivain de...

le 30 déc. 2015

46 j'aime

19

C'est arrivé près de chez vous
Diothyme
9

Allez reviens gamin...

Enfin ma malédiction avec ce film est rompue, j'avais essayé de le voir, deux ou trois fois mais à chaque fois j'ai dû arrêter au milieu contre mon gré, pourtant il me plaisait bien. Je comprends...

le 3 juin 2011

42 j'aime

22