C'est un livre qui cherche à dresser une vision complète du mythe défini par Eliade comme : "le mythe raconte une histoire sacrée; il relate un événement qui a eu lieu dans le temps primordial, le temps fabuleux des « commencements ». Autrement dit, le mythe raconte comment, grâce aux exploits des Etres Surnaturels, une réalité est venue à l'existence, que ce soit la réalité totale, le Cosmos, ou seulement un fragment une île, une espèce végétale, un comportement humain, une institution. C'est donc toujours le récit d'une « création » on rapporte comment quelque chose a été produit, a commencé à être. Le mythe ne parle que de ce qui est arrivé réellement, de ce qui s'est pleinement manifesté. Les personnages des mythes sont des Etres Surnaturels. Ils sont connus surtout par ce qu'ils ont fait dans le temps prestigieux des « commencements ». Les mythes révèlent donc leur activité créatrice et dévoilent la sacralité (ou simplement la « sur-naturalité ») de leurs œuvres. En somme, les mythes décrivent les diverses, et parfois dramatiques, irruptions du sacré (ou du « sur-naturel ») dans le Monde. C'est cette irruption du sacré qui fonde réellement le Monde et qui le fait tel qu'il est aujourd'hui. Plus encore c'est à la suite des interventions des Etres Surnaturels que l'homme est ce qu'il est aujourd'hui, un être mortel, sexué et culturel."


Eliade cherche à analyser la substance des récits cosmogoniques puis étiologiques. Le second étant basé sur la structure des premiers. Il cherche comme dans le Sacré et le profane à faire surgir les invariants, une sorte d'ontologie du récit des origines. Il utilise des mythes indiens, amérindiens ou encore occidentaux.


On retrouve des concepts qui lui sont familiers (Axis Mundi, ou in illo tempore), le principe de cycle et de reproduction des mythes comme faisant sens dans les pratiques religieuses, sorte de retour aux origines (C'est aussi le sujet d'un de ses autrs ouvrages: la nostalgie des origines)


Ce qui est amusant aussi c'est de chercher dans les religions récentes (monothéismes que nous connaissons mieux les structures que nous décrit Mircéa Eliade). Il revient aussi sur cette fracture qu'est le christianisme en faisant de la mort du Christ un mythe qui se situe dans la continuité historique.


Quelques errement propres à l'époque sur Jung et un retour sur la marxisme, religion emprunte des mythes selon la définition d'Eliade (eschatologie, sotériologie, millénarisme, épreuves initiatiques, héroïsation, narration...). Il finit l'ouvrage sur le fait qu'il pense que la structure des mythes imprègne toujours nos modes narratifs. C'est une invitation à une archéologie originelle de ce qui fait notre narration.


Facile à lire, les chapitres sont courts. Pourquoi se priver?

LilianSG
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le 28 mai 2020

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LilianSG

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