Kiara, dix-sept ans vit avec son frère aîné Marcus dans un immeuble d’East Oakland, en Californie. Leur famille désunie a viré au chaos depuis la mort de leur père et l’emprisonnement de leur mère, accusée d’avoir négligé la surveillance de leur petite soeur. Marcus rêve de devenir une star du rap et passe son temps dans un studio d’enregistrement, Kiara seule tente de joindre les deux bouts et de payer des factures qui s’amoncellent. Menacés d’expulsion par le propriétaire de l’appartement, leur situation devient précaire. Suite à un malentendu, Kiara rencontre un soir un homme avec qui elle a une relation tarifée, et cet argent qui apparait là comme providentiel lui permet de payer une dette et la prostitution devient à ses yeux le seul moyen de s’en sortir. Elle est loin de se rendre compte de l’enfer qui prend possession de sa vie, jusqu’à un contrôle de police qui tourne mal. L’engrenage fatal se met en place, mettant en danger Kiara et ses proches.


Leïla Mottley s’est inspirée d’un fait divers survenu à Oakland d’où elle est originaire pour la genèse de ce roman : des policiers ont été interpellés pour avoir loué les services d’une jeune femme mineure et avoir tout fait pour étouffer l’affaire. La violence des faits s’oppose à l’écriture à fleur de peau de l’autrice: Kiara est une jeune femme douce et posée aux airs de lionne qui ne peut se soustraire à la violence du monde pour survivre. J’ai été très sensible au lien d’amour presque filial qui unit Kiara et Trevor, un enfant fragile de 9 ans, le garçon d’une amie. Pour le protéger et lui donner un avenir meilleur que le sordide d’une banlieue violente, elle soulèverait des montagnes mais ses erreurs la rattrapent et Kiara regrette de l’entrainer dans une affaire qu’elle ne mérite pas. J’ai suivi ce récit lu par Amelia Ewu avec intérêt pour le sujet qu’il soulève et la finesse d’analyse de son héroïne, le lecteur ressent une forte proximité avec le personnage de Kiara. L’autrice qui n’a que dix neuf ans s’engage avec brio dans la cause des violences faites aux femmes et dans ce cas précis, les violences racistes faites aux femmes afro-américaines.

loeilnoir
7
Écrit par

Créée

le 25 févr. 2024

Critique lue 5 fois

loeilnoir

Écrit par

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur Arpenter la nuit

Arpenter la nuit
Cortex69
8

Le talent à l’état brut

Leila Mottley a secoué le microcosme littéraire américain et pas moins de vingt maisons d’éditions se sont livrer une lutte sans merci au pays de l’oncle Sam pour publier Arpenter la nuit, son...

le 16 août 2022

1 j'aime

Arpenter la nuit
loeilnoir
7

Critique de Arpenter la nuit par loeilnoir

Kiara, dix-sept ans vit avec son frère aîné Marcus dans un immeuble d’East Oakland, en Californie. Leur famille désunie a viré au chaos depuis la mort de leur père et l’emprisonnement de leur mère,...

le 25 févr. 2024

Du même critique

Il était deux fois
loeilnoir
10

Chef d'oeuvre !

Je m’extirpe des pages de ce roman une nouvelle fois abasourdie par tant de talent: crier au génie ne me suffira pas cette fois à exprimer mon admiration hors norme pour cet auteur ! J’ai lu très...

le 28 juil. 2020

5 j'aime

1

Sambre - Radioscopie d'un fait divers
loeilnoir
9

Critique de Sambre - Radioscopie d'un fait divers par loeilnoir

Cet essai revient sur la véritable histoire du « violeur de la Sambre », un homme qui a agressé plus d’une cinquantaine de femmes, en toute impunité, de 1988 à 2018, dans la région de Maubeuge.Je...

le 15 janv. 2024

4 j'aime

Sœurs
loeilnoir
7

Soeurs - Bernard Minier

Certains auteurs ont un don pour donner vie à des personnages dont l’envergure dépasse largement le contexte d’un seul livre (Franck Thilliez notamment, intarissable pour le duo Sharko/Hennebelle)...

le 15 avr. 2020

4 j'aime