De l'introversion selon Proust... mais pas que.

6ème et avant dernière étape proustéenne. 6ème et avant dernière critique de l'ensemble A la recherche du temps perdu :

- Du côté de chez Swann

- A l'ombre des jeunes filles en fleur

- Le côté de Guermantes

- Sodome et Ghomorrhe

- La prisonnière

Et comme pour les "critiques" précédentes, 2 axes d'analyses : le style de l'auteur et le thème de l'humanisme.


Le style Proust

La particularité de ce livre est qu'il est relativement court. En tout cas d'une longueur classique pour un roman.

Il est également difficile de dissocier Albertine disparue du tome précédent. D'ailleurs, son appelation aurait dû être La fugitive si un autre livre sorti à la même époque ne se fut pas nommé ainsi.

Certes le style reste donc dans la lignée des ouvrages précédents. Néanmoins, le contenu est un peu plus introspectif que précédemment.

Mélancolie, compassion, auto critique... autant de termes qui ne collaient plus guère aux tomes d'A la recherche du temps perdu.

Mais ici, l'écrivain semble proposer un peu plus de lui-même. De ses déchirements et de ses tourments. D'où une tonalité particulière, plus personnelle, plus aimante.

L'humanisme chez Proust

Ainsi, a contrario de La Prisonnière, Albertine disparue est une des oeuvres les plus riches.

Tout d'abord car Proust l'homosexuel met en scène l'homosexualité. Qui d'Albertine, qui de Saint Loup, qui de Jupien et j'en passe...

Personnage après personnage, les masques tombent ou à défaut, les voiles sont levés inexorablement.

Précisément le contraire de l'auteur qui cache son homosexualité et ne l'assumera jamais publiquement.

Proust le bourgeois revient également sur un de ses thèmes favoris : l'aristocratie.

Et ici encore, plus de doute ! La "fausse aristocratie" est battue en brèche, la "vraie" est critiquée dans sa superficialité la plus immorale (Madame de Guermantes se soucit plus de savoir qui elle va recevoir dans son salon que de la Guerre Franco-Allemande).

Même la bourgeoisie qui se complet dans une pâle copie en prend pour son (faux) grade...

Bref

Dans Albertine disparue, plus que dans les autres tomes, l'auteur est présent, entre les lignes. Sa pensée transparait.

Son propos intéressera autant que son style, quand bien même le lecteur n'apprécie pas les longueurs dont l'écrivain est coutumier.

Et ô miracle, dans le final, Marcel Proust renoue avec le Temps.

Celui des souvenirs qui se confrontent à la réalité.

Celui de la mélancolie.

Celui des amours retrouvés qui n'enchantent plus mais n'en gardent pas moins de la sympathie.

En somme, c'est logiquement dans son ouvrage le plus dense que l'écrivain aux phrases longues de centaines de mots est capable de se faire le plus aimé !

Raider55
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le 11 oct. 2022

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Raider55

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